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REVUE LITTERAIRE

UNE APOLOGIE DE LA CASUISTIQUE

Un Problème moral dans l’antiquité, Étude sur la casuistique stoïcienne, par M. Raymond Thamin. Paris, 1884 ; Hachette.

Il y a sans doute peu de noms plus mal famés dans l’histoire que celui de casuistique, et c’est assurément une étrange entreprise que d’en vouloir tenter la réhabilitation. Qui de nous, en effet, tout d’abord, n’imagine sous ce mot des horreurs ? Comment oser se ranger du parti d’Escobar ou de Sanchez contre celui de Pascal ? Et quelle vanité de croire que l’on prévaudra jamais, — ou du moins aussi longtemps que durera la langue française, — contre les Lettres provinciales ! Si cependant la plupart de ceux qui l’ont en plus mauvaise odeur ne savaient pas seulement ce que c’est que la casuistique, ni ne semblaient d’ailleurs se soucier beaucoup de l’apprendre ; si peut-être, d’un autre côté, le plus grand tort des casuistes eux-mêmes était justement d’avoir compromis et discrédité la casuistique ; et enfin, si la casuistique, entendue comme on la doit entendre, n’était pas moins nécessaire à la droite conduite de la vie que ne l’est la dialectique à la bonne direction de l’esprit, est-il bien sûr que sa cause fût aussi complètement perdue que l’on parait le croire ? Pour l’attaquer encore, la condamner et la flétrir comme nous voyons qu’on le fait aujourd’hui, ne faudrait-il pas soi-même n’être pas moins qu’un Pascal ? Et, en tout cas, attendu l’importance des intérêts qui s’y débattent, le procès, après