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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les rentes françaises, à peu près immobiles depuis une quinzaine, ont repris dans les derniers jours une allure satisfaisante qui atteste qu’aucun changement significatif n’est encore intervenu dans la situation respective des acheteurs et des vendeurs sur notre place. Les premiers sont complètement maîtres du terrain, les seconds reconnaissent leur impuissance et se décident à racheter, en contribuant ainsi eux-mêmes à accélérer le mouvement qui précède depuis plusieurs mois chaque liquidation.

C’est sur les deux rentes 3 pour 100 que l’amélioration s’est produite cette fois avec le plus de vivacité. La hausse, d’un mois à l’autre, est de 1 fr. sur le fonds perpétuel et de 1 fr. 50 sur l’amortissable ; elle n’atteint que 0 fr. 72 sur le 4 1/2. L’amortissable commence à être mieux connu et plus apprécié du public capitaliste, qui n’avait pas compris pendant longtemps les avantages offerts par cette rente, remboursable au pair par rachats annuels. On lui préférait le type classique de l’obligation de chemin de fer, qui ne se négocie qu’au comptant, qui ne sort plus des portefeuilles une fois qu’elle y est entrée et qui est soustraite aux aléas de la spéculation.

Mais toutes les obligations de chemins de feront monté dans des proportions telles que la comparaison a uni par démontrer de quelles qualités était doué l’amortissable en tant que valeur de placement pour la petite épargne. Il n’est pas improbable, d’autre part, que la spéculation ait aidé au mouvement dans la prévision que le prochain emprunt, celui que le gouvernement ne pourra se dispenser de faire en 1883, s’effectuera encore en amortissable.

Les circonstances ne semblaient pas, en décembre, devoir favoriser un nouvel effort de la spéculation à la hausse. La discussion du budget a été engagée si tardivement, qu’elle n’a pu être menée à bon terme. Le budget des dépenses est resté en route ; il a fallu recourir à l’expédient des douzièmes provisoires. L’argent s’est resserré à Londres ; des catastrophes financières ont éclaté sur la place de Vienne ; on est resté sans nouvelles du Tonkin et de Formose ; la crise commerciale et industrielle est toujours aussi intense. Rien de tout cela n’a servi aux baissiers, qui ont compté vainement sur la lassitude des capitalistes et qui voient maintenant que le titre sera tout aussi rare fin décembre