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s’élevant à 1,390,473,503 francs. Ces crédits sont répartis par chapitres conformément aux états ci-annexés. »

Il est inutile de faire remarquer que si le président de l’assemblée nationale mettait aux voix cet article, c’était simplement pour obtenir un vote d’ensemble après l’adoption de tous les chapitres du budget d’un ministère. Le vote faisait de cet article unique une petite loi qui était considérée comme une résolution et qui était exécutée au même titre que les douzièmes qu’on avait accordés quelques mois auparavant. La loi de finances, la seule qui contînt la vraie formule du budget, était promulguée plus tard, après l’adoption de toutes les résolutions séparées. Entreprenait toutes ces résolutions et les incorporait dans la grande loi, qui devenait la loi définitive portant fixation des dépenses et recettes de l’exercice 1872.

La nomination d’un rapporteur par ministère a été une innovation malheureuse et a formé un précédent que s’est approprié tout naturellement la chambre des députés. Le sénat, au bout d’une année, y a renoncé. Peut-être l’a-t-il fait par principe, peut-être ne l’a-t-il fait que par nécessité, car le temps lui a toujours manqué, et il eût été matériellement impossible de rédiger des monographies sur chaque ministère pendant les quelques jours que le budget restait entre les mains de la commission du sénat. Un seul rapporteur est donc aujourd’hui chargé de présenter au sénat les conclusions de sa commission pour tous les ministères ; il se fait aider par ses collègues, et au moyen d’une division du travail pratiquée dans l’intérieur de la commission, il peut déposer avec beaucoup de rapidité le rapport général sur le bureau du sénat. Ce n’est certainement pas la lenteur qu’on peut reprocher à la commission des finances du sénat ; sa précipitation n’a jamais été contestée.

L’institution des rapporteurs spéciaux a beaucoup prospéré à la chambre des députés. Leur nombre a considérablement augmenté. Ils étaient huit en 1871 à l’assemblée nationale, ils étaient déjà douze en 1877 à la chambre des députés, ils étaient quatorze en 1878, quinze en 1879, dix-neuf en 1883 et ils étaient encore dix-neuf en 1884. Il est vrai que le nombre des ministres à portefeuille s’est accru, moins vite toutefois que celui des rapporteurs.

On aurait pu croire que la division du travail appliqué au budget aurait produit les mêmes effets que dans l’industrie ; il n’en a rien été. Ce n’est pas, en effet, pour hâter le travail qu’on l’a divisé, c’est pour l’étendre et pour l’étendre démesurément. La commission du budget en a profité pour changer ses attributions ; elle a voulu se mettre à la place de l’administration et préparer le budget elle-même au lieu de se contenter de le recevoir tout préparé