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pour l’avenir à les ouvrir absolument à découvert. Jusqu’à présent, les crédits supplémentaires constituaient en quelque sorte des viremens réguliers, autorisés par des lois spéciales, qui attribuaient à un ou à plusieurs chapitres nouveaux une certaine quantité de ressources que les chapitres originaires avaient abandonnées. On trouvera bien des crédits supplémentaires à ouvrir, personne n’en doute, mais les crédits supplémentaires ne trouveront plus de ressources dans des chapitres trop pauvres auxquels on aura enlevé d’avance tout ce que, sans cela, ils auraient pu donner. Il est fâcheux que le rapporteur du ministère des finances ait, comme les autres, accepté une semblable doctrine, car c’est le ministère des finances qui devrait être le gardien des principes, puisqu’il est chargé de surveiller la comptabilité publique et qu’il en a la responsabilité devant les chambres et le pays.

Tous les abus dont nous avons parlé, nous les avons relevés dans le rapport de M. Sarrien, et il serait aisé de les relever dans des proportions bien plus considérables dans les autres rapports de la commission. On peut donc considérer qu’il y a trois catégories d’économies sans valeur parmi celles que la commission du budget prétend avoir réalisées jusqu’à concurrence de 60 millions. Ce sont d’abord les réductions de crédit correspondant à la révision des évaluations de dépenses obligatoires ; ce sont ensuite celles qui correspondent aux annulations dans lesquelles on trouvait autrefois la ressource des crédits supplémentaires, et ce sont enfin celles qui soulagent aujourd’hui le budget pour reparaître demain dans un cahier de crédits supplémentaires.

Si nous avions pris pour exemple un autre rapport quelconque, nous aurions constaté exactement les mêmes fautes. Il n’entrerait pas dans le cadre de notre étude de passer en revue tous les rapports et de rechercher la valeur des économies qu’on a faites en les classant sous trois chefs : celles qui proviennent d’une nouvelle évaluation des dépenses obligatoires, celles qu’on a obtenues par les annulations préalables à l’exercice et enfin celles qui seront compensées par une augmentation des crédits supplémentaires. Nous n’avons pas non plus à établir le solde qui ressortirait en économie véritable après que nous aurions retranché du total des économies dont on s’applaudit, tout ce qui n’est qu’une vaine apparence. Il nous suffit d’avoir montré qu’on pratique aujourd’hui une méthode de préparation des budgets qui vise surtout aux apparences et qui néglige les réalités.

Jusqu’à ces dernières années, les règlemens d’exercice ont toujours donné des résultats plus favorables que ceux qu’on espérait. C’est le contraire qui arrivera désormais. Les exercices dont