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la période décennale, le nombre de mort-nés a varié de 3.80 à 4.12 sur 100 naissances. Pour avoir la mesure exacte de l’accroissement du nombre d’habitans présens sur le territoire de l’empire, il faut ajouter ou retrancher de l’excédent des naissances sur les décès la différence entre les entrées et les sorties provenant des migrations. Sauf pour. Hambourg, Brème et Lubeck, l’Anhalt, le Brunswick et les deux petites principautés de Reuss, l’augmentation réelle de la population des différens états reste au-dessous de l’augmentation naturelle parce que l’émigration dépasse l’immigration. En Allemagne, de même qu’en France, où ce fait a été mis en évidence dans un remarquable travail de M. Charles Richet[1], on constate un afflux des habitans des campagnes vers les villes. Berlin, Dresde, Munich, Strasbourg, Mannheim, les cités hanséatiques, accusent une augmentation considérable sous l’effet de cet afflux. À Berlin, dans la capitale, l’accroissement par immigration a atteint la proportion de 20 et de 16 pour 100 dans l’intervalle des derniers recensemens. Aussi la population de cette ville montait à 1,122,330 individus en 1880. À Hambourg, à Brème et à Lubeck, l’accroissement par immigration s’est élevé à 23, à 22 et à 13 pour 1,000 chaque année de la période décennale depuis 1871. Au contraire, les parties polonaises de la Prusse, l’Allemagne du Sud et l’Alsace-Lorraine subissent un mouvement d’émigration très marqué. Ce sont surtout les hommes qui s’en vont à l’étranger, les jeunes gens appelés au service militaire, non-seulement parmi les Alsaciens-Lorrains pour lesquels l’obligation de servir sous les drapeaux allemands est plus pénible, mais, d’une manière générale, dans tout l’empire. Tandis que les départs par suite de l’émigration ont été de 2.07 pour 1,000 sur la population masculine, la proportion générale ne dépasse pas 1.4 sur l’émigration moyenne des deux sexes une année dans l’autre.

Par rapport à la répartition des deux sexes, les derniers recensemens faits en Allemagne donnent les nombres suivans :


Masculin Féminin
1871 20.152 055 20.906.737
1875 20.986.701 21.740.659
1880 22.185.433 23.048.628


Soit un excédent en faveur du sexe féminin, qui s’est élevé de 754,682 personnes en 1871 à 863,195 en 1880, quoique les naissances masculines soient plus nombreuses et se présentent par rapport aux naissances féminines dans la proportion de 12.07 à

  1. Voyez, dans la Revue du 15 avril et du 15 juin 1882, l’étude sur l’Accroissement de la population française.