Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 67.djvu/781

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comprendra 700 hommes : 130 matelots, 270 soldats et 300 galériens.

Plus apte que la galère à braver les tempêtes de l’océan, la galéasse eut surtout sa raison d’être quand l’artillerie, introduite dès l’année 1380 à bord des bâtimens à rames et à voiles, vint modifier d’une façon radicale la tactique des combats de mer. En se transformant peu à peu, la galéasse finira par combler l’intervalle qui sépare encore la marine des vaisseaux longs et celle des vaisseaux ronds : le vaisseau la Couronne, bâti en l’année 1637 à La Roche-Bernard, en Bretagne, par le Dieppois Charles Morieu, ressemblera bien plus, sauf sa haute voilure, à une galéasse qu’à une nave.

Les naves, ou nefs, n’avaient rien de commun avec les galères, quoiqu’elles fussent souvent appelées à les seconder. Au XIIIe siècle, elles n’étaient encore que des navires de 200 tonneaux au plus, ne portant d’ordinaire qu’un seul mât et une seule voile : bientôt les dimensions de la nave grandissent, elle apparaît avec plusieurs mâts et un grand nombre de voiles étagées l’une sur l’autre, avec des sabords et jusqu’à 200 pièces d’artillerie. Les naves de la Méditerranée, telles que nous les retrouverons en 1571 à la suite de la grande flotte de galères de don Juan d’Autriche, avaient quatre mâts, y compris le mât incliné sur l’avant qui portait la civadière et deux ou trois couvertes que le capitaine Pantero Pantera compare, non sans raison, a à autant de toits superposés. » La plupart de ces naves sont des bâtimens de 800, de 900, souvent de 1,000 tonneaux. Le calme les laisse immobiles, le vent contraire les arrête en route et un grand tirant d’eau leur interdit l’approche des plages basses. Dans le golfe de Venise, il faut, suivant le témoignage de Froissart qu’elles s’arrêtent à Parenzo.


II

L’introduction de l’artillerie à bord des galères dut nécessairement en modifier peu à peu la construction : il fallut des membrures et des plates-formes plus solides pour résister aux secousses du tir. Sur les galères ottomanes, qui combattirent à Lépante, aussi bien que sur les caravelles que Vasco de Gama emmena de Lisbonne pour leur faire franchir le cap de Bonne-Espérance, l’arc et l’arbalète figuraient encore comme engins de guerre à côté de la bombarde et de l’arquebuse. L’arc était généralement « fait de bon bois d’if ; » sa longueur variait de 1 à 2 mètres. L’archer portait douze flèches à la ceinture et, s’il était aussi habile que les archers anglais, il pouvait décocher ces douze flèches, longues de près d’un mètre, dans l’espace