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transport perfectionnées, telles que les chemins de fer et le canal maritime, une source de puissance hydraulique équivalente à la production d’un bassin houiller de puissance moyenne ?

Un jour viendra sans doute où, quelque grandes que soient mes prévisions du moment, les besoins industriels déliasseront les ressources de force motrice que je propose de leur affecter, où l’on pourrait peut-être regretter d’en avoir consacré la majeure partie à des usages agricoles. Dans ces circonstances, rien ne sera plus facile que d’augmenter cette force presque sans limite. Il suffira de relever d’un mètre en moyenne la hauteur des banquettes du canal et de porter la vitesse du courant de 0m, 38 à 0m, 40 pour en doubler à peu près le débit. En prenant au Rhône 100 mètres cubes de plus par seconde, on créera sur le canal un supplément de force motrice de 1,600 chevaux par mètre de chute qui, cette fois, pourra être réservé en entier aux besoins de l’industrie.


IV

Jusqu’ici je me suis tenu dans les généralités. Il est temps d’expliquer comment on pourrait faire l’application des principes que je viens d’exposer en vue de desservir plus spécialement les besoins agricoles du grand vignoble de la rive droite du Rhône, dans les départemens du Gard, de l’Hérault et partie de celui de l’Aude.

J’ai admis, je crois avoir démontré que la dérivation affectée à cet usage devrait se rattacher à un ensemble de canaux de grande navigation, qui, alimentés par les eaux du Rhône, permettraient aux navires de grand tonnage provenant des ports de la Méditerranée de remonter au cœur de notre pays. En principe, ce réseau de canaux peut être considéré comme devant se composer un jour d’un tronc commun qui, partant de Lyon et même probablement de plus haut, se diviserait en deux grandes branches, dont l’une, sur la rive gauche, déboucherait dans les ports de Marseille et peut-être de Toulon ; dont l’autre, desservant la rive droite, aboutirait nécessairement au port de Cette. Je ne m’occuperai pour le moment que de ce dernier tronçon, sur le tracé duquel je crois devoir donner quelques explications techniques sommaires, ayant moins pour but de préciser les détails du projet, que de faire voir que son exécution ne saurait entraîner aucune difficulté pratique devant laquelle l’industrie moderne doive reculer.

Le point d’arrivée, pour la voie navigable, est fixé : c’est le port de Cette. Quant au point de départ, de prise d’eau au Rhône, il devrait être déterminé tant par l’importance des besoins à desservir que par les dispositions locales du terrain.