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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 68.djvu/471

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 mars.

Au milieu des incohérences de vie publique qui nous sont faites, et des misères de la politique, il y a toujours et avant tout, au-dessus de tout, le sentiment de ce qui est dû au pays et à ceux qui le servent vaillamment au loin sur les mers et sur les continens inexplorés. Tandis qu’ici en effet tout est bruit confus et vaine agitation, tandis que partis et factions se démènent, soulevant toutes les questions inutiles, suscitant des conflits sans raison et sans fin, jouant avec tous les intérêts publics, il y a aux extrémités du monde des hommes qui combattent pour leur patrie. Ceux-là ne disputent pas sur ce qu’ils ont à faire et ne marchandent pas leur sang ; ils font simplement et courageusement leur devoir. Ils exécutent les ordres qu’ils reçoivent, même quand ces ordres se ressentent trop visiblement des contradictions d’une politique incertaine. Pour eux toute la politique se résume dans le nom de la France qu’ils représentent et dans l’honneur du drapeau qu’ils portent devant l’ennemi.

Ainsi vont ces braves et honnêtes soldats de l’Indo-Chine qui, depuis quelque temps surtout, n’ont cessé de livrer des combats, qui marchent sans regarder derrière eux, confians dans des chefs qu’ils ont appris à connaître, les Courbet, les Brière de l’Isle, les Négrier, les Donnier, et ce commandant Dominé, qui vient de se révéler par son héroïsme à la défense de Tuyen-Kuan. Si ces soldats qui portent dans l’extrême Orient, à Formose comme au Tonkin, le drapeau de la France, n’ont pas obtenu de plus prompts et de plus grands résultats, ce n’est sûre-