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chef d’état-major général Trézel ; à cinq heures du soir, elle prenait position devant Blida. Cinq ou six pauvres hères se présentèrent aussitôt, de petits drapeaux blancs à la main ; ils assuraient que tout ce qu’il y avait de riche ou d’aisé s’était enfui. Le lendemain, le général fit occuper les portes et les mosquées. Les gens de la veille avaient dit vrai : la ville était déserte, le pillage ne produisit à peu près rien ; mais on savait que les riches, dans les momens difficiles, avaient l’habitude de cacher leur avoir au fond d’une gorge de l’Atlas, dans le village de Sidi-Rouïa el Kebir, à 2 ou 3 kilomètres. Le général Trézel, qui voulait reconnaître le pays, se chargea de diriger en même temps les perquisitions ; il prit avec lui un bataillon du 10e léger, les zouaves et une section d’artillerie. A l’approche du détachement, les petits drapeaux blancs s’agitèrent en vain ; le village fut occupé ; les hommes avaient disparu ; un assez grand nombre de femmes étaient entassées dans deux maisons. En fouillant ça et là, on découvrit des amas de cartouches et des pièces d’armes qui avaient appartenu à des fusils de munition. Alors tous les coffres, tous les tapis, tous les paquets de hardes qu’on put trouver furent saisis, portés devant le front du détachement et distribués à la troupe ; il y en avait pour une valeur d’une trentaine de mille francs. Au retour, il y eut les coups de fusil auxquels on devait s’attendre ; mais les dispositions de retraite avaient été bien prises ; il n’y eut que cinq blessés, un seul grièvement. Pendant ce temps, le génie avait ouvert de larges brèches dans l’enceinte de Blida. Le 23 novembre, les troupes étaient rentrées dans leurs cantonnemens sans avoir rencontré aucun groupe hostile dans la plaine. Cette course, qui n’avait eu pour objet et pour résultat que le pillage, ne fut pas jugée satisfaisante à Paris ; le duc de Rovigo en reçut même un blâme.

Avec l’expédition de Blida s’acheva l’existence du 2e bataillon de zouaves, qui n’était ressuscité que pour mourir encore. Le recrutement des indigènes était de plus en plus difficile. Dès le mois de mai, un avis ministériel avait autorisé le commandant en chef à fondre les deux bataillons en un seul qui pourrait être porté à huit ou dix compagnies de 100 hommes, officiers non compris ; de ces compagnies, la première et la dernière seraient entièrement composées de Français, les autres d’indigènes, sauf une demi-escouade française choisie parmi les meilleurs sujets du corps ; pour les besoins religieux des indigènes, il aurait un moueddine avec rang et solde de sous-lieutenant. Cette refonte des zouaves fut effectuée au mois de décembre 1832. Le commandement du bataillon unique avait été offert au commandant Duvivier ; c’était d’après ses conseils que la réorganisation s’était faite ; cependant il refusa et