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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 68.djvu/711

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 mars.

Quand on a longtemps abusé de tout, de la puissance et de la fortune du pays, quand on a trop vécu d’illusions, d’infatuations, de témérités équivoques et d’artifices, l’heure vient nécessairement où tout s’expie. Les fausses politiques ont leurs résultats, et, malheureusement, ces résultats, qui ne sont imprévus qu’en apparence, éclatent quelquefois sous des formes cruelles et irritantes.

On le voit maintenant par ces affaires du Tonkin, qui ont pris, en quelques jours, presque en quelques heures, une si douloureuse gravité, qui, en mettant les sentimens de la France à la plus pénible épreuve, engagent la responsabilité du gouvernement et de ceux qui se sont faits ses complices, qui ont trompé le pays ou se sont laissé tromper. Lorsqu’il y a trois jours à peine, le chef, du ministère, interpellé pour la dixième fois dans le parlement, se voyait pressé de dissiper les obscurités, de calmer les craintes qui existaient, il relevait avec hauteur les accusations dont il était l’objet, il traitait presque avec dédain les inquiétudes qu’on lui manifestait ; il réclamait fièrement une marque de confiance qu’une majorité complaisante lui accordait encore une fois. Avant que quelques heures aient été écoulées, tout ce qu’on pouvait craindre a été dépassé, les obscurités se sont éclairées d’une triste lumière ; les événemens se sont précipités. Pour tout dire d’un mot, sans phrases et sans réticence, les forces françaises du Tonkin ont éprouvé un échec des plus sérieux qui retentit douloureusement dans le pays. Sans doute, les opérations conduites