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de Topchidéré, près de Belgrade, et, dans toute la plaine, des massifs boisés. Rien de plus facile, car beaucoup de terres appartiennent à la ville et à l’état. Si le prince Alexandre aimait les arbres autant que le roi de Roumanie, comme il pourrait transformer les tristes alentours de sa capitale ! Il est plus urgent de planter des arbres que de construire des palais.

La Bulgarie possède-t-elle du charbon ? De ceci dépend son avenir industriel, car aujourd’hui la grande industrie est impossible là on manque le précieux combustible. J’obtiens à ce sujet les renseignemens les plus précis ; car je rencontre ici un de nos jeunes ingénieurs sortis de l’école spéciale de Liège, M. Thonard, qui a été nommé récemment directeur-général des mines de la Bulgarie. Il m’apprend qu’on a trouvé du charbon de différens côtés, D’abord sur le penchant septentrional des Balkans, près de Travna, se rencontre une formation qui parait s’étendre jusqu’aux environs de Gabrovo et d’Élena. Puis au sud des Balkans, près de Slivno et au nord-ouest de Kezanlik, on a reconnu des couches qui pourraient bien appartenir au même bassin que celles du nord, dont elles auraient été séparées par le relèvement de la chaîne balkanique. Les trois couches de Travna ont été mises en exploitation par les Turcs, avant la dernière guerre, et le charbon est de bonne qualité : mais les transports étaient trop coûteux : ils se faisaient jusqu’à Tirnovo et même jusqu’à Sistow, sur le Danube, par charrettes à bœufs et pour le tiers de la route, soit 28 kilomètres, à dos de cheval. Impossible de continuer ainsi : l’exploitation a été abandonnée. La présence de la houille a été aussi constatée près de Trojan et de Belagradtchik. Au sud-ouest, à 28 kilomètres seulement de Sophia, un dépôt de lignite tertiaire de très bonne qualité s’étend sur 90 kilomètres carrés. Ce bassin houiller de Tcherkova est une vraie bonne fortune pour la capitale, car le bois y est excessivement cher et il le devient chaque année davantage. Le charbon coule à Sophia 24 francs la tonne ; on n’en extrait encore que 16.000 tonnes par an. Le transport par charrettes coûte cher. Pour l’amener, il faudrait construire un petit chemin de fer à voie étroite. Il est probable qu’il sera exécuté par M. Grosef, entrepreneur bulgare, à qui le gouvernement vient de concéder l’exploitation de ces houillères pour quinze ans.

Le minerai de fer se rencontre en différentes parties des Balkans, mais dans des lieux où il est actuellement impossible d’en tirer parti. Les forges de Samakof produisent du fer supérieur même à celui de la Suède. Le minerai se présente sous une forme très spéciale. La syénite, dont est formé le mont Vitosch, renferme de petites particules de fer titane. Les pluies, et surtout la fonte des