Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 72.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ALEXANDRE FARNESE
PRINCE DE PARME

Correspondance d’Alexandre Farnèse avec Philippe II, dans les années 1578, 1579, 1580 et 1581, publiée par M. Gachard.

Quand don Juan d’Autriche, épuisé par la fièvre, sentit venir la mort[1], il laissa tous ses pouvoirs à Alexandre Farnèse, prince de Parme ; il ne pouvait choisir un successeur plus capable d’entreprendre la tâche de remettre les Pays-Bas sous l’autorité du roi d’Espagne. Au moment où il remplaçait don Juan, Farnèse avait trente-cinq ans ; il était né en 1544, à Rome, d’Octave Farnèse, deuxième duc de Parme et de Marguerite d’Autriche, fille naturelle de Charles-Quint. Les amours du grand empereur eurent toujours quelque chose de bas et d’obscur. Don Juan était le fils d’une servante : vingt-cinq ans avant la naissance de don Juan, Charles-Quint avait passé par Audenarde, il y avait remarqué une femme de chambre de la baronne de Montigny, Jeanne Vandergheyst ; celle-ci devint mère d’un enfant qui fut élevée par les tantes de Charles-Quint et qu’on maria à l’âge de quatorze ans à Alexandre de Médicis ; la jeune Flamande ne vit pas même son époux, qui fut assassiné avant qu’elle eût pu aller le trouver en Italie. Elle fut donnée ensuite à Octave Farnèse, petit-fils du pape Paul III, qui avait besoin de conquérir la faveur impériale pour conserver son duché de Parme. Farnèse n’eut que des froideurs pour une femme qu’il n’avait épousée que par ambition, qui était laide, d’aspect masculin,

  1. Voyez, dans la Revue du 15 février 1884, l’étude sur Don Juan d’Autriche.