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particulier sur la question de la distribution des êtres et de la vie, non plus à la surface du globe, mais dans les profondeurs mêmes de la mer. A 5,000 mètres et plus au-dessous du niveau de la mer, toute une population d’êtres bizarres, dont quelques-uns resplendissent des plus brillantes couleurs, livre sa lutte pour la vie. Et si l’on peut quelque jour saisir la première origine de la vie sur notre planète, on a lieu de croire qu’à défaut du fameux Bathybius Hœcklii, c’est quelque glaire ramenée du fond de l’Océan qui nous en livrera le secret.

Ni le temps, ni la publique n’altèrent la sérénité de la maison Hetzel, non plus qu’ils n’arrêtent la régularité de sa production. Voici le dernier récit de Mayne-Reid : la Terre de Feu, laissé inachevé par l’auteur, mais habilement complété, pour les amis de l’abondant conteur, par M. André Laurie. Sans doute, un naufrage, des sauvages, des aventures de pêche, de chasse et de guerre, c’est toujours un peu la même chose, mais la réalité se ressemble tant que la réalité est excusable de n’être pas toujours très différente d’elle-même, à la seule condition de plaire ; et les récits de Mayne-Reid sont toujours agréables à lire. Le Mathias Sandorf de M. Jules Verne est d’un autre genre, d’un genre qui peut-être n’a rien de très littéraire, mais qui ne laisse pas d’avoir son prix et de faire très bien passer une heure ou deux. C’est un de ces romans d’aventures dont les héros sont tous doués, ceux-ci pour le bien et ceux-là pour le mal, de qualités qui dépassent la mesure commune ; et le fin de l’art, comme on sait, est de leur faire accomplir d’une manière à peu près probable des exploits invraisemblables. M. Jules Verne a gagné déjà plus d’une fois la gageure. Ou aurait mauvaise grâce à nier que, comme tant d’autres de ses récits, Mathias Sandorf, quoiqu’un peu long, se lise avec un réel intérêt.

Le temps nous a manqué pour parcourir les autres volumes de la collection. Mais l’Ile au trésor, de M. L. Stevenson se présentant à nous, en quelque sorte sous le patronage à la fois de M. Gladstone et de M. Edmond Schérer, il nous semble que nous pouvons sans scrupule en recommander la lecture ; et puisque c’est Stahl qui s’est lui-même chargé de présentée aux lecteurs français la Petite Rose, ses Six Tantes et ses Sept cousins, on peut sans doute se fier à son goût et à sa longue, prudente et aimable expérience. Quant à Tito le Florentin, quoique le récit de M. André Laurie continue la série des Scènes de la vie de collège dans tous pays, il nous a semblé qu’il y était question de beaucoup d’autres choses que la vie de collège en Italie. Mais depuis trois ou quatre ans nous avons pris assez de plaisir aux récits de M. André Laurie pour ne vouloir aucunement donner à cette observation la portée d’une critique. L’Epave du Cynthia, de MM. Jules Verne et André Laurie, déjà nommés ; Autour d’un lapin blanc, de M. F. Alone, petit récit sentimental, si du moins l’illustrateur n’a pas trahi l’écrivain ; le Voyage d’une fillette au pays des étoiles, entretiens sur l’astronomie, par