Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 73.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus lamentable, au point de vue spécial des cours, que la comparaison des prix auxquels se cotaient encore, il y a un an, les titres d'un grand nombre d’établissemens de crédit, avec ceux où nous les voyons se traîner aujourd'hui. Cette catégorie de valeurs a été la plus maltraitée, ce qui est logique, puisque les établissemens dont il s’agit ne peuvent se procurer des bénéfices que par le lancement d’affaires nouvelles, et que jamais les affaires nouvelles n’ont été aussi rares que pendant l’exercice qui vient de s’écouler.

La Banque de Paris valait encore 742 francs au 31 décembre 1884. L'impossibilité de tirer parti des affaires conclues en commun avec des maisons de Londres et ayant pour objet le placement d’emprunts de la République argentine, l’immobilisation forcée de capitaux importans, ont paralysé l’activité de cette Banque et réduit la source de ses dividendes. Aussi les actions ont-elles reculé de 120 francs; elles restent à 615 après avoir perdu pendant quelque temps le cours de 600. La Banque d’escompte est en réaction de 113 francs d’une année à l'autre, malgré la bonne tenue de l’Italien et des Chemins méridionaux, deux valeurs dont cette maison s’est occupée spécialement. Le public est méfiant, et les réalisations qui se produisent de temps à autre n’ont pas de contre-partie.

La Société générale, qui, l’an dernier, était déjà au-dessous du pair, a reculé encore de 25 francs à 447. La Banque franco-égyptienne a perdu 43 francs et végète, complètement négligée, à 465. Même le Crédit industriel et la Société de dépôts, dont la principale industrie est la banque proprement dite, ont participé à la défaveur générale. Le premier a baissé de 20 francs, la seconde de 10 francs.

La Banque russe et française perd 55 francs, la Banque parisienne 60 francs; le Crédit mobilier, après avoir reculé lentement de 270 à 200, ne s’est relevé que tout récemment à 245. Les banques étrangères n’ont pas été plus favorisées; le Mobilier espagnol ne vaut plus que 85 francs, perdant 55 francs, la Banque des Pays-Hongrois a reculé de 37 francs, la Banque nationale du Mexique de 40 francs. Les événemens d’Orient et les résultats défavorables du premier exercice de la Régie des tabacs en Turquie ont fait perdre environ 100 francs à la Banque ottomane en la ramenant au pair; on l’a même vue quelque temps à 480. La Banque des Pays-Autrichiens, seule de ce groupe, a monté de 458 à 475.

Le Crédit foncier a dû à sa situation hors de pair, à la nature, à l'étendue et à la sûreté de ses opérations, de conserver toute la faveur du public. Le titre, après des fluctuations diverses autour du cours de 1,300, a fini par se relever au-dessus des prix de fin 1884, les dépassant d’une vingtaine de francs. Le Comptoir d’escompte a eu la même bonne fortune, gagnant 15 francs à 995.