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LES
JOYAUX DE LA COURONNE

De tout temps, les joyaux de la couronne ont été l’objet de la curiosité universelle. Chaque fois que l’administration en a autorisé l’exposition, la foule est venue compacte, toujours renouvelée, toujours avide, pleine d’un naïf respect du passé, contempler ces joyaux historiques. Les divers gouvernemens de notre pays ne se sont pas moins préoccupés des diamans de la couronnes : les uns, pour rehausser l’éclat de leur puissance, les ont fait servir à la parure des souverains ; les autres, épris d’innovations égalitaires, ont manifesté l’intention de les vendre, en affectant de les dédaigner comme d’inutiles « hochets de la vanité. »

Constituées en trésor, ces pierres ont en une existence aussi dure à entamer que leur matière. Lois, décrets, vols, pillages ont été impuissans dans le passé pour détruire cette collection. Il est probable qu’elle subsistera longtemps encore à travers les générations futures comme un témoignage du triomphe du bon sens sur la vulgarité, l’ignorance et la sottise.

Mais si la foule a constamment montré à leur égard un engouement profond, le monde savant ne semble pas avoir été bien soucieux jusqu’à ce jour d’en faire l’étude au point de vue de l’histoire. Cependant on a beaucoup écrit sur les joyaux de la couronne. Lisez les manuels, les articles, les livres parus en grand nombre, dont les auteurs ont affiché, dans le titre au moins, la prétention de traiter à fond la question : aucun ne contient une histoire