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réussi dans la région. D’étroites chaussées très fortifiées et couverts d’une nombreuse artillerie offraient seules un périlleux passage. Il fallait se hâter pour réussir. — Sir James Harris combattit respectueusement les objections du duc et s’opposa nettement à de plus longues négociations. Il fallait sommer Amsterdam dès que la trêve serait terminée; en cas de refus, l’attaquer sur l’heure. — L’opinion du ministre anglais prévalut encore une fois. Le duc repartit à cinq heures du soir pour exécuter ces instructions.

Amsterdam allait succomber. C’est en vain que le chevalier de Ternant, officier français aussi brave qu’intelligent, s’efforçait d’organiser la défense. Le courage ne manquait pas, la patience faisait défaut. Le 29 septembre, la députation de la ville allait trouver la princesse d’Orange pour lui soumettre les propositions du conseil ; la princesse refusait d’y accéder. Elle congédiait les députés, non sans hauteur, après une vive discussion, et envoyait sur l’heure l’ordre au duc de Brunswick de recommencer l’attaque. Le duc lui-même, auquel les députés demandaient une dernière entrevue, ne consentait à les recevoir que déjà en marche et au milieu de ses officiers assemblés. Il les renvoyait les yeux bandés et sous forte escorte. « Je regarde la trêve comme expirée, dès ce soir, entre les sept et huit heures. Je suis fermement résolu à aller en avant et exécuter mes ordres, à moins que Son Altesse Royale n’intercède pour m’engager à retirer les troupes. »

Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, l’armée prussienne se mit en mouvement. Le 1er octobre, au matin, la grande écluse, connue sous le nom de Halfweg, fut attaquée. Située entre le lac d’Haarlem et les étangs formés par l’Y, elle n’offrait qu’un étroit passage et se trouvait l’un des points les plus importans de la défense. Le jour n’était pas levé encore. Les soldats prussiens s’avancèrent en silence, la baïonnette au fusil, pour surprendre les Hollandais. Un coup fut déchargé par mégarde. Les patriotes réveillés en sursaut dans le village courent aux armes et commencent à travers les fenêtres un feu nourri contre l’ennemi. Le désordre est au comble. Un canonnier hollandais court pour servir sa pièce et tombe sur les Prussiens, qui l’arrêtent. Il crie : « A l’ennemi! » Son appel est entendu. Le capitaine de Richaud, commandant les artilleurs français, dirige sa batterie contre les assaillans, qui l’attaquent à la baïonnette. Le retranchement est enlevé ; le capitaine de Richaud est fait prisonnier après avoir reçu deux blessures. L’assaut de la redoute même d’Halfweg a lieu aussitôt. Elle est emportée presque sans combat. Un détachement prussien l’a tournée avec des barques et s’en empare facilement. Un mouvement offensif des troupes hollandaises est repoussé : 60 dragons de la