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n’est pas encore oublié et qui attira l’attention par la nouveauté des faits qu’il révélait. Alors, en effet, nos lecteurs apprenaient que ces édifices athéniens, quadrangulaires et en apparence rectilignes et verticaux, ne contenaient pas de lignes droites et se composaient d’un tissu de lignes courbes et de colonnes inclinées. Là aussi était résolue par les faits la question si controversée de l’architecture peinte : l’examen minutieux de Paccard venait de démontrer que ces beaux marbres blancs étaient, en effet, ornés de vives couleurs et rehaussés d’or, sinon dans leur totalité, au moins dans leurs parties essentielles. Peu après paraissait l’ouvrage anglais de Penrose sur les mesures du Parthénon.

La restauration de Paccard, immédiatement suivie de celles de l’Erechthéum par Tétaz et des Propylées par Desbuisson, fit une révolution dans les idées. Depuis cette époque, notre villa Médicis envoie tous les ans un de ses pensionnaires à l’École d’Athènes et chaque année voit naître un travail nouveau fait sur le modèle de l’œuvre de Paccard. Malheureusement, ces études de haute valeur s’entassent à notre École des beaux-arts sans profit pour le public, qui ne les voit pas. Pourquoi n’en forme-t-on pas un musée ? Il serait incomparable et ferait le plus grand honneur à la France. J’émettrai aussi le vœu que nos pensionnaires ne recommencent pas sans fin ce qui a été bien fait par leurs devanciers. Ç’a été pour nous une grande joie quand nous avons vu ceux de ces dernières années diriger leurs efforts vers des monumens en dehors d’Athènes, par exemple, vers Délos et Olympie. Il est vrai que, jusque-là, nos architectes avaient suivi l’ancienne voie, qu’ils relevaient les édifices apparens et ne faisaient pas de fouilles. Du jour où, par des déblaiemens, d’intéressantes constructions antiques ont été rendues à la lumière, ils ont couru les étudier. Qu’a-t-il fallu pour cela ? Une seule chose : de l’argent.

Il y a quinze ans, à l’époque de la guerre allemande, on n’avait fait en pays grecque de très petites fouilles ; les restes d’antiquité visibles à la surface du sol avait presque tous été relevés. Depuis quelque temps, on ne fouillait guère que les tombeaux ; on y trouvait des bijoux précieux, des vases et d’autres objets mobiliers, qui avaient été ensevelis avec les morts. Vainement des inscriptions funéraires portaient-elles des imprécations contre les violateurs de sépultures : on n’en avait souci. Ces morts étaient si vieux ! il ne restait plus rien de leurs familles ni de leurs lois ; qui pouvait réclamer ? Et puis les choses qu’ils rendaient aux vivans avaient une valeur vénale aussi bien qu’un intérêt scientifique. On aidait donc les tombeaux ; il y avait, il y a encore une classe d’hommes habiles à en découvrir les emplacemens ; armés d’ume baguette de fer terminée