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LE
SERVICE DE SANTE
ET LA
NOUVELLE LOI MILITAIRE

Le nouveau « Projet de loi organique militaire » présenté au parlement par M. le général Boulanger supprime le volontariat et impose à tous l’obligation de servir pendant trois ans. Il serait facile de montrer combien cette mesure serait préjudiciable aux vrais intérêts du pays, puisqu’elle porterait une atteinte sérieuse à la haute culture intellectuelle de la jeunesse française et stériliserait en grande partie les efforts et les sacrifices que l’on pourrait faire pour maintenir à sa hauteur notre enseignement supérieur.

Une semblable démonstration serait complètement inutile, puisque nous nous trouvons en présence d’un parti-pris. C’est en vain que nos conseils-généraux des facultés, nos conseils académiques ont énergiquement protesté. C’est en vain qu’on ferait observer que l’Allemagne a su constituer une armée instruite, disciplinée, et dont nous ne connaissons que trop la valeur, tout en établissant et en conservant le volontariat ; c’est en vain qu’on montrerait que, par l’éducation spéciale qu’elle donne à ses volontaires, elle assure un excellent recrutement pour ses officiers de réserve ; le volontariat me parait condamné en France. Cette condamnation ne tient pas seulement à ce que sa mauvaise organisation a donné naissance à des abus ; elle est due surtout à ce déplorable