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À SEXTIUS.


Le ciel est clair. La barque a glissé sur les sables.
Les vergers sont fleuris et le givre argentin
N’irise plus les prés au soleil du malin.
Les bœufs et le bouvier désertent les étables.

Tout renaît. Mais la Mort et ses funèbres fables
Nous pressent, et, pour toi, seul le jour est certain
Où les dés renversés en un libre festin
Ne t’assigneront plus la royauté des tables.

La vie, ô Sextius, est brève. Hâtons-nous
De vivre. Déjà l’âge a rompu nos genoux.
Il n’est pas de printemps au froid pays des Ombres.

Viens donc. Les bois sont verts, et voici la saison
D’immoler à Faunus, en ses retraites sombres,
Un bouc noir ou l’agnelle à la blanche toison.


POUR LE VAISSEAU DE VIRGILE.


Que vos astres plus clairs gardent mieux du danger,
Dioscures brillans, divins frères d’Hélène,
Le poète latin qui veut au ciel hellène
Voir les Cyclades d’or de l’azur émerger.

Que des souffles de l’air, de tous le plus léger,
Que le doux lapyx redoublant son haleine.
D’une brise embaumée enfle la voile pleine
Et pousse le navire au rivage étranger.