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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.

Quelques jours à peine écoulés ne décident pas du cours d’une année, de la suite et du caractère des événemens qui sont encore pour nous, pour la France comme pour l’Europe, l’avenir plein de mystères. Cet avenir, on le connaîtra toujours assez tôt; on apprendra du moins jour par jour si cette année qui vient de s’ouvrir doit être fatale ou bienfaisante, si l’Europe ébranlée et inquiète est destinée à revoir les violences de la guerre ou à garder les avantages de la paix, si la France elle-même réussit à rentrer dans les conditions d’un ordre régulier ou si elle doit continuer à se débattre, à s’épuiser dans de stériles et vulgaires conflits de partis. C’est en définitive de cela qu’il s’agit. Pour le moment, tout est encore indécis; tout se ressent en France des dernières crises qui ont ému l’opinion, qui ont été l’épreuve de tous les pouvoirs, et on est réduit à interroger le sens des choses, à se demander ce que promet au pays cette session nouvelle qui vient de se rouvrir avec l’année, ce que signifient ces élections récentes du 5 janvier où vient de se retremper le sénat.

S’il y a un fait sensible aujourd’hui dans notre pays, c’est la fatigue de toutes les agitations, de toutes les expériences meurtrières, c’est le dégoût de certains spectacles d’abaissement moral avec lesquels on n’en a pas encore fini à ce qu’il paraît; c’est aussi un besoin instinctif, impérieux, mal défini si l’on veut, de retrouver les garanties d’un régime de raison prévoyante, d’honnêteté publique, et, à y regarder de près, c’est là peut-être, en définitive, la signification la plus claire de