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un mouvement ascensionnel sur la plupart des fonds publics, malgré une certaine tension des reports, comme il s’en produit toujours fin décembre. De plus, des déclarations pacifiques, officieuses, il est vrai, plus qu’officielles, rendaient le calme aux places de Vienne et de Berlin, si troublées dans les derniers jours de 1887.

La meilleure tenue des fonds hongrois et russes, de l’Italien et des rentes françaises, a d’abord suivi ce revirement favorable d’opinion déterminé par des articles du Nord et du Journal de Saint-Pétersbourg, puis par le compte-rendu d’entretiens, entre le comte Kalnoky et le prince Lobanof, ambassadeur du tsar à Vienne. Le gouvernement de Saint-Pétersbourg, d’après les affirmations du prince Lobanof au ministre des affaires étrangères d’Autriche-Hongrie, ne songeait nullement à troubler la paix, ne prenait aucune mesure militaire d’un caractère offensif, et ne demandait à l’Europe que le respect du traité de Berlin, violé par la présence du prince de Cobourg à Sofia comme souverain de la Bulgarie.

La publication dans le Moniteur officiel de l’empire d’Allemagne des pièces falsifiées, à l’aide desquelles M. de Bismarck prétendait que des personnages malintentionnés s’étaient efforcés d’éveiller les soupçons du tsar sur la loyauté de la politique allemande, a achevé de rassurer pour un temps l’opinion publique européenne. La publication ayant été autorisée par l’empereur Alexandre, on admettait la vraisemblance d’un rapprochement entre les deux cabinets de Berlin et de Saint-Pétersbourg.

Sous l’influence de la tournure nouvelle prise par les questions internationales, les valeurs russes se sont raffermies à Berlin, les fonds d’Autriche et de Hongrie ont repris une allure plus calme et regagné même une partie du terrain perdu dans la panique des jours précédens ; les Consolidés anglais ont dépassé 103, et la rente française 3 pour 100 s’est avancée de 81.10, cours de compensation, à 81.42, tandis que le 4 1/2, compensé à 107.05, était porté brusquement jusqu’à 107.80.

La spéculation comptait naturellement sur un large concours des capitaux en janvier. Il a été détaché des coupons d’intérêt ou de dividende, le 2 et le 6, sur une quantité considérable de valeurs. Les cours se trouvaient allégés d’autant, et les disponibilités, notablement grossies, devaient se porter sur le marché et aider au dégagement des positions. L’Italien, sérieusement atteint depuis quelques semaines, semblait disposé à reprendre de hauts cours et atteignit, en effet, un moment 95 francs, coupon détaché.

Le mouvement attendu ne s’est point produit ; au contraire, les fonds publics ont recommencé à fléchir. Les transactions ont perdu toute activité, et une sorte de découragement s’est emparé de toutes les places, de la nôtre surtout.