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prescriptions qui s’y rattachent se bornent à recommander de leur faire prendre leur quinquina et de les élever rudement. Il n’y est question ni de promenade ni d’exercices du corps. Les jeux permis étaient de nature tranquille : les volans, les échecs, les jonchets et la danse en faisaient tous les frais. De pareilles distractions n’étaient pas de nature à développer leur système musculaire ; aussi les déviations de la colonne vertébrale étaient-elles communes à Saint-Cyr. C’était la préoccupation constante de Mme de Maintenon. Elle recommandait à chaque instant de s’occuper de leur taille et de leur faire porter des corps pour la redresser; « car si elles deviennent bossues, elles ne trouveront personne qui en veuille, n’ayant pas d’ailleurs une fortune qui fasse passer par-dessus la difformité. Élevez-les donc, disait-elle en résumant son système d’éducation, dans l’état où il a plu à Dieu de les mettre ; mais n’oubliez rien pour sauver leur âme, fortifier leur santé et conserver leur taille. »

Il est curieux de rapprocher de ces principes et de ces idées la façon dont le vainqueur d’Austerlitz comprenait l’éducation des filles. Voici ce qu’il écrivait de Finkenstein au grand-chancelier, le 15 mai 1809 : « l’emploi et la distribution du temps sont des objets qui exigent principalement votre attention. Je n’ai attaché qu’une importance médiocre aux institutions religieuses de Fontainebleau, et je n’ai prescrit que tout juste ce qu’il fallait pour les lycées. C’est le contraire pour l’institution d’Écouen : il faut que les élèves fassent chaque jour des prières régulières, entendent la messe et reçoivent des leçons sur le catéchisme. Cette partie de l’éducation est celle qui doit être la plus soignée. Il faut ensuite apprendre aux élèves à chiffrer, à écrire les principes de leur langue, afin qu’elles sachent l’orthographe. Il faut leur apprendre un peu de géographie et d’histoire, mais se bien garder de leur montrer ni le latin ni aucune langue étrangère. On peut enseigner aux plus âgées un peu de botanique et leur faire un léger cours de physique et d’histoire naturelle, et encore tout cela peut avoir des inconvéniens. Il faut se borner, en physique, à ce qui est nécessaire pour prévenir une crasse ignorance et une stupide superstition, et s’en tenir aux faits, sans raisonnemens, qui tiennent directement ou indirectement aux causes premières. On examinera s’il serait possible de donner à celles qui seront parviennes à une certaine classe une masse pour leur habillement. Elles pourraient s’habituer à l’économie, à calculer la valeur des choses et à compter avec elles-mêmes. Mais, en général, if faut les occuper toutes, pendant les trois quarts de la journée, à des ouvrages manuels : elles doivent savoir faire des bas, des chemises, des broderies, enfin toute espèce d’ouvrages de