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qui gênait l’administration du général Bedeau à Tlemcen. Le maréchal Bugeaud commença par restreindre leurs attributions, et, quand il y eut lieu de les remplacer, ce fut par des commandans supérieurs français qu’il les remplaça. Mais, pour aider les commandans supérieurs dans l’administration délicate des affaires arabes, il leur fallait des auxiliaires familiarisés avec la langue, les habitudes, les idées des populations indigènes.

Sur ce point-là comme sur beaucoup d’autres, la province d’Oran, grâce à l’esprit d’initiative de La Moricière, pouvait servir d’exemple. Dès 1843, dès 1842 même, il avait institué une véritable direction des affaires arabes; le commandant Daumas d’abord, puis le commandant de Martimprey, les commandans Bosquet et de Barrai, le capitaine Charras, lui avaient servi ou lui servaient encore d’assesseurs. Il n’y avait qu’à se régler sur ce modèle pour organiser partout l’administration des indigènes. C’est ce que fit le maréchal Bugeaud.

Une ordonnance royale, provoquée par lui et promulguée le 1er février 1844, institua dans chacune des trois provinces, sous l’autorité immédiate de l’officier-général commandant supérieur, une direction des affaires arabes. La direction d’Alger, chargée de centraliser le travail des deux autres, avait le titre de direction centrale. Dans chaque subdivision ou cercle, le commandement militaire était assisté d’un bureau arabe chargé de la correspondance avec les indigènes, de la surveillance des marchés, et généralement de tous les détails dont la connaissance importait au gouvernement de la colonie.

« Le bureau arabe, dans la pensée du maréchal, dit le général Rivet, ne devait pas être une autorité proprement dite, mais comme un état-major chargé des affaires arabes auprès du commandant supérieur, et n’agissant qu’au nom et par ordre de celui-ci. Ainsi, chaque cercle, chaque subdivision eut un bureau arabe ou état-major spécial des affaires arabes ; le directeur central fut, auprès du gouverneur-général, le chef d’état-major-général des affaires arabes de toute l’Algérie. De cette manière, les commandans de cercles, de subdivisions, de divisions, le gouverneur-général lui-même, pouvaient changer ; mais les institutions ne changeaient pas, et les traditions du gouvernement des Arabes se transmettaient sans qu’il y eût interruption dans le fonctionnement général de l’administration. »

Un arrêté du maréchal Bugeaud, daté du 1er mars 1844, institua : sous la direction centrale d’Alger, les bureaux arabes de Blida, Médéa, Miliana, Orléansville, Tenès, Cherchel, Boghar et Teniet-el-Had ; sous la direction d’Oran, les bureaux de Mascara, Mostaganem,