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LA
SARDINE

Vers le milieu d’octobre dernier, la population des petits ports où l’on pêche la sardine, de Douarnenez aux Sables-d’Olonne, était mise en émoi par une affiche que venaient de faire apposer les commissaires de l’inscription maritime et les syndics des gens de mer. Chacun, la lisant, y voyait la fin, — conforme à ses vœux, — d’un débat passionné qui toute l’année avait excité les esprits, allumé des rixes, et failli même, en quelques points, causer des désordres publics. Les pêcheurs commentaient la parole toujours respectueusement écoutée du ministre de la marine. Le gouvernement allait-il interdire ou favoriser l’emploi des seines à sardines, des filets perfectionnés qui permettent de prendre une plus grande abondance, — trop grande pensaient les uns, — du poisson qui fait la richesse de toute cette partie de la côte ? A la vérité, le placard officiel ne le disait pas ; il annonçait seulement une solution prochaine de la question pendante. Mais c’était assez pour calmer tous ces braves gens. D’ailleurs, le ministre a tenu parole : après avoir consulté des commissions, compulsé des rapports, constitué des comités, il a finalement interdit pour l’avenir l’usage des seines à sardines dans les eaux territoriales.

Il y a douze ans, en 1874, par des circulaires spéciales, le gouvernement recommandait ces mêmes seines ; puis un système de simple tolérance avait suivi. Aujourd’hui on les défend. La récente décision de l’autorité est certainement conforme aux vœux de