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deïra, licenciement de ses bandes, renvoi immédiat des tribus émigrées. Le 21, nouveau message de Sidi-Hamida : « Nous savons que votre principal but est El-Hadj Abd-el-Kader et sa deïra ; aussi lui avons-nous envoyé à l’instant même des messagers, qui ont ordre de le chercher partout où il sera, et il faut que je me rencontre demain avec lui, s’il plaît à Dieu. Je lui parlerai avec fermeté, jusqu’à ce qu’il aille à Fez ou qu’il sorte de notre royaume à l’instant même, par quelque moyen que ce soit, bon gré, mal gré, attendu que j’ai reçu des ordres de mon seigneur à ce sujet. » Les apparences retournaient donc à la paix ; quelques tribus émigrées demandèrent à rentrer sur leurs territoires.

Pour hâter la solution décisive, le maréchal prit le parti de se rapprocher d’Oudjda, on remontant la vallée de l’Isly. Ce mouvement eut pour conséquence un nouveau message de Sidi-Hamida, annonçant à la fois l’internement d’Ab-el-Kader et l’arrivée prochaine de Mouley-Mohammed, qui devait tout accommoder : « Je n’ai plus, disait le kaïd, voix délibérative en sa présence, et je ne puis terminer aucune affaire, qu’elle soit importante ou non. » Mais, pendant que le maréchal se repliait encore une fois sur Lalla-Maghnia, il reçut une communication toute contraire ; c’était une confidence faite par El-Kebibi à un ami en ces termes : « Dis à ton oncle, de ma part, que Sidi-Hamida ne parle que de paix, parce qu’il la veut sincèrement ; quant à moi, je n’y crois pas. Le fils de l’empereur ne peut venir à la frontière avec une nombreuse armée que pour la guerre. Il est suivi de très grandes forces ; il a 30 pièces de canon, des pelles, des pioches, pour faire le siège de Maghnia. On ne fait pas tant de préparatifs, si l’on vient pour la paix. »

Le 29 juillet, le maréchal, qui faisait, à l’extrémité nord de la frontière, une excursion chez les Msirda, dont la fidélité n’était pas sûre, fut averti que Mouley-Mohammed venait d’établir son campement non loin d’Oudjda ; aussitôt il reprit le chemin de Lalla-Maghnia. Le 4 août, il reçut de Sidi-Hamida une dépêche qui débutait de la sorte : « Nous sommes enfin sous l’ombre du drapeau de notre seigneur et maître, fils de notre maître et seigneur, — que Dieu lui soit en aide et perpétue sa gloire et son élévation ! — La veille de la date de cette lettre, il a campé sur l’Oued-el-Kessab avec son infanterie Victorieuse et ses nombreuses armées formidables par Dieu et Victorieuses par lui. L’heureuse venue de Son Altesse chérie du ciel est dans le dessein de terminer plusieurs affaires importantes. » Au nombre de ces affaires était le rétablissement de l’ordre et le châtiment des mauvais serviteurs qui avaient attaqué les Français sans l’assentiment et contre la volonté du sultan ; mais tout de suite après cette apparence de satisfaction et l’assurance