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REVUE LITTERAIRE

LA CRITIQUE SCIENTIFIQUE

La Critique scientifique, par M. Émile Hennequin. Paris, 1888 ; Perrin.

J’ouvre le livre de M. Émile Hennequin sur la Critique scientifique, — M. Émile Hennequin est un jeune écrivain dont on se rappellera peut-être avoir lu d’intéressans et curieux Essais, — et dès la première page, ou le premier chapitre, car il faut être exact, j’y trouve la phrase que voici : « La critique littéraire, qui a débuté aux temps modernes et en France par les examens de Corneille et de Racine, par Boileau et Perrault, apparut comme un genre distinct dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dans ce pays avec La Harpe et les Salons de Diderot, en Angleterre avec Addison, en Allemagne avec Lessing. » Sur quoi je ne puis m’empêcher de remarquer : premièrement, que ce n’est point en France, mais plutôt en Italie, que la critique moderne « a débuté ; » deuxièmement, que si je connais bien les Examens de Corneille, je n’en connais point de Racine, — ce sont sans doute ses Préfaces ; — troisièmement, que les Chapelain et les d’Aubignac, la préface de l’Adone, celle de la Pucelle, les Sentimens de l’Académie sur le Cid, la Pratique du théâtre, ayant précédé les Examens de Corneille lui-même, ont donc aussi précédé les Satires de Boileau, son Art poétique, et les Dialogues de Perrault sur les Anciens et les Modernes ; quatrièmement, qu’à part les lecteurs de la Correspondance de Grimm, c’est-à-dire quelques principicules d’Allemagne, les Salons de Diderot n’ont guère été connus que de nos jours ; cinquièmement, qu’Addison étant mort en 1719, il