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quatre-vingt-seize sont dans l’Inde. Les autres sont répandus sur toute la surface du globe, à Geylan, chez les Birmans, en Australie, en Afrique, aux États-Unis, en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en Grèce, en Allemagne, en France. Quoique très récente, la société française l’Isis compte déjà des noms distingués, qu’il est inutile de consigner ici. Parmi les centres les plus actifs sont ceux de Bombay et de Barhampour (Bengale).

Cette expansion inattendue de la Société théosophique sur toute la terre a nécessité des réformes dans son organisation. De même que la société chrétienne prit une forme républicaine en Grèce et une forme impériale chez les Latins, celle-ci a pris une forme parlementaire et en quelque sorte représentative, à la façon des gouvernemens et des compagnies financières. Chaque branche est régie par un conseil électif ; les présidons de ces conseils composent un conseil-général qui rend compte de la gestion à l’assemblée annuelle des électeurs. Par suite de cette unité d’organisation, il s’est créé au noyau central une clientèle, un quartier-général, un budget, des propriétés meubles et immeubles, une librairie. En Amérique, la société a pris une grande extension dans ces derniers temps ; ses branches se sont multipliées, puis se sont en quelque sorte fédéralisées autour de l’une d’entre elles, la branche de Cincinnati.

Tel est, en résumé, le court historique et l’organisation matérielle de la Société théosophique. Quel est l’esprit qui l’anime ? Pour en rendre compte à nos lecteurs, nous ne pouvons mieux faire que de reproduire les propres termes dont elle se sert : « Il a paru à ses fondateurs que pour faire face à l’envahissement d’un matérialisme par trop grossier et pour raffermir le sentiment religieux qui tend à disparaître, il fallait créer une société absolument étrangère à tout esprit de secte, réunissant sur un terrain de conciliation les hommes instruits de toutes les races, afin de travailler de cœur et d’âme à la recherche désintéressée de la vérité et à sa propagation parmi nos semblables. » Son but est donc « de former le noyau d’une Fraternité universelle de l’humanité, sans distinction de race, de Credo, de sexe ou de couleur. » On ne demande à aucun adhérent quelles sont ses opinions religieuses. On lui demande de promettre à ses confrères la tolérance qu’il revendique pour lui-même. La société est étrangère à la politique, comme à tous les sujets qui ne rentrent pas dans la sphère déclarée de son travail. Elle interdit formellement à ses membres de compromettre sa stricte neutralité en ces matières.

Comme le second objet que se propose l’association est l’étude des littératures, des religions, des sciences aryennes et orientales,