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considérer que le gouvernement et la chambre auront à se mettre d’accord sur la création préalable de nouvelles ressources correspondantes aux charges éventuelles, avant de lancer un appel à l’épargne publique.

Si la préoccupation de l’emprunt, même à longue échéance, tendait à enrayer toute velléité d’une campagne nouvelle de hausse sur le 3 pour 100, l’intervention assez opportune d’un acheteur d’une réelle importance sur le marché a eu pour résultat de provoquer, momentanément au moins, une tendance contraire. La société civile constituée pour administrer le fonds de garantie de 120 millions de francs, pour le paiement des lots et le remboursement des obligations récemment créées de Panama, a commencé ses achats de rente et les a poursuivis de jour en jour pendant cette quinzaine. Comme les fonds internationaux étaient en même temps en vive reprise, le 3 pour 100 a pu assez aisément atteindre le cours de 83.90, tandis que l’amortissable s’élevait à 86.40 et le 4 1/2 à 107. En fait, le 3 pour 100 a gagné fr. 45 depuis le milieu du mois, et les deux autres fonds 0 fr. 40 et 0 fr. 22. Les capitaux de placement, d’abord réfractaires à ces hauts cours, ont fini par les accepter ; à terme et au comptant, les cours se sont à peu près nivelés.

L’argent tend à se resserrer un peu, et une augmentation du taux de l’escompte à la Banque d’Angleterre est probable à bref délai. Les émissions se succèdent sans relâche à Londres et, chaque semaine, ce réservoir immense de capitaux doit faire face à des versemens sur une douzaine d’emprunts plus ou moins considérables. La république argentine est surtout insatiable. Gouvernement fédéral, banques (nationale ou provinciale) de Buenos-Ayres, chemins de fer, gouvernemens des provinces, viennent tour à tour, parfois simultanément, solliciter les capitaux européens, à Londres, Berlin ou Paris. Une des dernières émissions est celle de la province de Mendoza, lancée à Paris par la Société générale et le Crédit industriel ; il s’agit de 25 millions de francs en obligations 6 pour 100 émises à 470 francs, remboursables à 500 fr. en trente-trois ans. Le revenu est rémunérateur, et la république argentine, qui est en plein essor de prospérité et de développement, a un bon renom financier. Cette émission, comme les précédentes, a donc été prestement enlevée. Il faut souhaiter, toutefois, que les Argentins ne se grisent pas de tant de succès répétés, et comprennent qu’à trop emprunter, ils risqueraient d’user leur crédit.

Certaines valeurs ont eu, cette quinzaine, un marché animé et gardent finalement une avance sensible ; la Banque de Paris s’est élevée de 747 à 770 et reste à 762, le Gaz gagne 37 francs à 1,370, le Suez est en hausse de 60 francs, à 2,190. Les Omnibus ont été portés de 1,090 à 1,116, les Docks de Marseille de 410 à 435, la Banque