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Les débuts furent modestes. En 1831, il n’en vendait encore, d’après ses livres, que pour 1,412 livres sterling (35,300 fr.) ; il. n’employait que douze ouvriers. Mais, grâce à ses procédés ingénieux, il réduisait ses prix de fabrication et de vente, produisait des plumes de bonne qualité dont la consommation augmentait rapidement. Le prix au détail tombait de 0 fr. 60 à 0 fr. 10 la plume, pour décroître encore. En 1874, Josiah Mason occupait dans sa fabrique 1,000 ouvriers, produisait 3 tonnes de becs de plume par semaine, soit 4,500,000, et dotait Birmingham d’une de ses principales branches d’industrie. Cette fois, il tenait la fortune ; mais, entre ses mains elle n’était qu’un moyen d’action, et, si considérable qu’elle fût déjà, il entendait ne pas s’arrêter là. Ce fils d’ouvrier caressait un rêve de prince ; pour le réaliser, il fallait des millions ; il se mit en route pour les conquérir, attiré par son génie familier vers les inventions et les inventeurs.

Pendant qu’il créait à Birmingham une industrie nouvelle, deux frères, George et Henry Elkington, y tentaient leurs premières expériences d’électro-chimie. Dans l’évolution de plus en plus accentuée qui entraînait tant d’esprits aventureux à la conquête de procédés utilitaires et pratiques, toute découverte nouvelle de la science était aussitôt mise à réquisition, appliquée aux besoins de l’industrie à l’affût de ce qui pouvait favoriser ses progrès. La galvanoplastie naissait de l’étude approfondie de la pile de volta. C’est vers 1838 que Jacobi et Spencer en donnèrent les premières formules.

Avant eux, on dorait et on argentait, mais à l’aide de procédés primitifs et meurtriers. Sur la pièce à dorer ou argenter, on étendait un amalgame d’or ou d’argent, mélange de l’un de ces métaux avec du mercure ; on soumettait la pièce ainsi préparée à l’action du feu, qui, volatilisant le mercure, laissait subsister seul le métal précieux. Dans les ateliers, imprégnés de vapeurs délétères, les ouvriers vivaient peu, atteints promptement du tremblement mercuriel. L’invention des frères Elkington supprimait ce danger ; elle permettait de doser exactement la quantité de métal et l’épaisseur de la couche. Pour cela, on plongeait la pièce dans un bain de cyanure d’or ou d’argent dissous dans du cyanure de potassium. Sous l’action de la pile et l’influence du courant, l’or ou l’argent se précipitait au pôle négatif et recouvrait la pièce attachée au fil de ce pôle d’une couche adhésive de métal.

Mais les capitaux manquaient aux frères Elkington pour exploiter leur découverte. De longs et coûteux tâtonnemens avaient épuisé leurs ressources. Pour s’en procurer, ils offraient vainement de concéder des privilèges d’exploitation. Nul ne s’en souciait, et, ainsi que nombre d’inventeurs avant et depuis eux, ils sollicitaient