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brusquement relevés par ordre en vue de la liquidation de quinzaine; nous entendons par là que toutes les forces financières de la place se sont coalisées pour enrayer la panique.

Dans les deux bourses du 12 et du 13, les traces de la crise ont été à peu près effacées pour toutes les valeurs, sauf bien entendu pour le Comptoir d’escompte, la Société des métaux, les titres des mines de cuivre, et aussi pour la Banque de Paris, qui, après avoir été précipitée de 900 à 700, a été relevée à 800 seulement. On attribue à cet établissement une participation importante dans les opérations du syndicat du cuivre, mais tout porte à croire que cette importance a été exagérée par l’opinion et que les risques encourus par la Banque de Paris sont relativement minimes. Il est bon de noter que cet établissement, au plus fort de la crise, a réussi très brillamment une émission de 40,000 obligations de la province brésilienne de Bahia. Les souscripteurs n’ont obtenu que 7 pour 100 de leurs demandes.

Dans ces deux journées des 12 et 13, la rente 3 pour 100 s’est avancée de plus de 1 franc, de 84.72 à 85.80. Elle a donc regagné tout le terrain abandonné et se trouve cotée au-dessus même des cours cotés immédiatement après la liquidation.

Les fonds étrangers ont fléchi en même temps que nos rentes et se sont relevés avec celles-ci. L’alerte a été vive sur l’Extérieure d’Espagne et sur le 4 pour 100 russe. Mais déjà la première a repris de 74 à 75 1/2, malgré le mauvais état des finances espagnoles, et le russe a été porté de nouveau à 92 francs. Le syndicat Rothschild-Bleichrœder va procéder bientôt à l’émission du nouvel emprunt russe de 700 millions de francs 4 pour 100, dont le produit est destiné à la conversion ou au remboursement de certaines catégories de rentes 5 pour 100.

L’abdication du roi Milan a tenu le marché de Vienne dans une certaine incertitude, le Hongrois a fléchi à 84 3/4 et ne s’est relevé qu’à 85 1/4, les chemins autrichiens et lombards ont été plus faibles. L’Italien a repris vivement à 96 francs sur la constitution du nouveau cabinet Crispi. Les valeurs turques ont payé leur tribut au courant pessimiste et tendent aussi à se relever.

Le recul des valeurs que la crise du cuivre ne pouvait affecter que par contrecoup a été aussi éphémère que violent. Le Crédit foncier a fléchi de 1,375 à 1,320 et finit à 1,365. Le Crédit lyonnais est à 700 après les cours extrêmes de 720 et 640. La Banque d’escompte, le Crédit mobilier, la Société générale, la Banque maritime, le Suez, le Gaz, les actions des chemins français ont fléchi brusquement et se sont relevés de même. Seules les valeurs cuprifères sont restées faibles, le Rio-Tinto à 335, la Société des métaux à 130.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.