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l’emploi accidentel de l’épithète Priyadarçin, firent vite reconnaître dans l’auteur des édits le prince désigné dans la tradition parle nom d’Açoka. Depuis, les documens nouveaux n’ont fait que révéler dans des traits significatifs des coïncidences nouvelles. L’identification ne saurait plus être mise en doute. On me pardonnera ces détails : il m’a paru qu’on pourrait être curieux d’entrevoir au prix de quels tâtonnemens et de quels efforts la science contemporaine arrive à reconstituer par fragmens la série du passé de l’Inde.


II.

Maintenant que nous savons qui est notre roi, à quel moment et dans quelles circonstances il paraît sur la scène, j’ai hâte de lui laisser la parole.

« Voici ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. Les rois qui ont gouverné dans le passé ont bien souhaité de faire faire à la religion des progrès dans le peuple ; mais la religion n’a pas fait dans le peuple des progrès conformes à leur désir. Voici donc ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. J’ai réfléchi que les rois qui ont gouverné dans le passé ont bien souhaité de faire faire à la religion des progrès dans le peuple, mais que la religion n’a pas fait dans le peuple des progrès conformes à leur désir, et je me suis demandé : par quel moyen amener le peuple à suivre la bonne voie ? par quel moyen faire faire au peuple dans la religion les progrès que je désire? par quel moyen le faire avancer en progrès religieux ? Voici ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. J’ai pensé que je promulguerais des instructions religieuses, que je répandrais l’enseignement de la religion, et que, en entendant cette parole, le peuple entrerait dans la bonne voie, avancerait dans le bien, qu’il marcherait rapidement dans le progrès religieux. Telle a été la raison pour laquelle j’ai promulgué des exhortations religieuses et donné sur la religion d’abondantes instructions. J’ai institué sur le peuple de nombreux fonctionnaires pour répandre l’enseignement et développer mes pensées. Des rajjoukas[1] ont été aussi institués par moi sur (en des centaines de milliers d’hommes avec mission d’enseigner en telle et telle façon le peuple fidèle. Voici ce que dit le roi Piyadasi, aimé des dieux. C’est en vue du même but que j’ai élevé des colonnes religieuses, que j’ai créé des officiers religieux. Voici ce que dit le roi Piyadasi aimé des dieux. Sur les routes j’ai fait planter des figuiers pour assurer aux hommes et aux animaux le bienfait de leur ombre; j’ai planté des

  1. Je reviens plus loin sur cet ordre de fonctionnaires.