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UN
HUMORISTE ALLEMAND

JEAN-PAUL-FRÉDÉRIC RICHTER.

Étude sur la vie et les œuvres de Jean-Paul-Frédéric Richter, par J. Firmery.

« Un Iroquois, un original qui semble tombé de la lune, bon diable d’ailleurs et le plus excellent cœur du monde, mais ne voulant ou ne sachant rien voir avec l’organe dont se servent les autres hommes : » c’est ainsi que Schiller, dans sa correspondance avec Goethe, définissait Jean-Paul. Et Goethe, à son tour, écrivait : « J’apprends avec plaisir que le monstre nouveau ne vous est pas tout à fait antipathique... On l’estime trop bas ou trop haut... Son sincère amour de la vérité, l’intérêt bienveillant qu’il porte au bonheur de l’espèce humaine, m’ont disposé en sa faveur. C’est dommage que l’isolement où il se plaît l’empêche de purifier son goût, car il y a en lui beaucoup de bon. »

Ce jugement des deux plus grands classiques de l’Allemagne est resté le plus juste et le plus vrai que la critique ait prononcé sur un auteur bizarre, qu’on a ou jeté au rebut trop précipitamment à cause de ses nombreuses et choquantes absurdités, ou loué outre mesure pour quelques inventions heureuses qui, se trouvant mêlées à tant de froides extravagances, tiraient de ce contraste leur