Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 93.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours à atteindre sa maturité, et que la moyenne des moyennes soit 17 : l’on obtient le chiffre 1530, qui représente la quantité de degrés de chaleur fournis en quatre-vingt-dix jours, le jour étant pris comme unité de temps. Fait très intéressant, si l’on fait les mêmes recherches, pour la même espèce de plante, dans des conditions thermiques ou dans un climat très différens, l’on obtient sensiblement le même chiffre sous tous les climats, quand bien même le nombre de jours nécessaire au développement peut varier du simple au triple selon les climats. L’étude de la physiologie végétale est d’ailleurs riche en faits intéressans au point de vue qui nous occupe. C’est ainsi que les graines différentes sont très diversement influencées par le froid : telle ne germera plus au-dessous de 15 degrés, au lieu que telle germe encore à 4 degrés, voire à degré. Telle plante se développe le mieux à la température qui est fatale à telle autre.

Dans le règne animal, des faits analogues ont été notés d’une façon très précise. Un petit mollusque d’eau douce (la lymnée) a fourni à Carl Semper, le savant zoologiste de Würtzbourg, les très intéressans faits que voici. Au-dessous de 12 degrés, cet animal, tout en menant une vie active et prenant ses alimens comme d’habitude, ne subit aucune croissance : pourtant il peut se reproduire et ses œufs se développent bien. A partir de 12 degrés et jusqu’à 25 degrés qui est la température optima, l’assimilation est parfaite, au contraire, et l’animal grandit et s’accroît. Semper fait remarquer avec juste raison que des lymnées soumises d’une façon permanente à une température de 10 ou 12 degrés, — ce qui, d’ailleurs, serait très réalisable à l’état de nature, — demeureraient donc petites et ne se développeraient pas. Il pourrait se créer ainsi une race naine qui se reproduirait normalement, mais demeurerait toujours beaucoup plus petite que les autres lymnées. D’autre part, l’on pourrait peut-être créer une race géante, en maintenant artificiellement de ces mollusques à la température optima. Voici un autre fait, et qui concorde bien avec celui dont il vient d’être parlé. Un naturaliste bien connu, Mobius, a remarqué que la même espèce de mollusques marins, commune à la Baltique et aux côtes du Groenland, possède des dimensions très différentes, étant petite et pourvue d’une coquille mince dans la Baltique, alors qu’elle est plus grosse et munie d’une coquille plus épaisse au Groënland. Il explique ceci par le fait que dans la Baltique les variations de température et les froids sont plus fréquens et considérables qu’au Groënland et qu’en conséquence le développement y doit être plus difficile et plus intermittent.

Les températures inférieures à l’optiumum, mais non mortelles, oui donc sur les animaux et les plantes une influence bien