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cautionnemens dont le trésor est responsable et pour les avances de la Banque de France ; 2 milliards pour le capital des annuités de toute nature dont le service est imposé au trésor en dehors des conventions de 1883, et enfin 900 millions d’obligations déjà émises en exécution de ces conventions. On arrive ainsi à un chiffre de 30 milliards 1/2, qu’il faudrait augmenter d’un peu plus de 2 milliards si l’on voulait comprendre dans la dette publique le capital représentatif de la dette viagère, c’est-à-dire des pensions que l’État sert à ses anciens serviteurs ; mais ce capital ne pouvant jamais devenir exigible, il est préférable de le laisser en dehors du compte et de s’en tenir au chiffre déjà formidable de 30 milliards. En revanche, pour avoir une complète mesure du fardeau qui pèse sur la nation, il convient de rapprocher de cette dette nationale dont le service absorbera, en 1889, une somme de 1,300 millions, le montant de la dette communale et départementale dont les chiffres officiels ont été récemment publiés par le ministère de l’intérieur. La dette des communes s’élève à 3,020 millions, dont 1,075 millions empruntés au Crédit foncier, et la dette des départemens à 496 millions. Si le budget de l’Italie, ni celui de l’Espagne, ni même celui de l’Autriche-Hongrie n’atteignent, comme dépense totale, au fardeau que cette dette de 34 milliards impose au contribuable français.

Ce développement de la dette publique devait inévitablement Avoir sa répercussion sur le budget ordinaire. Le service de la dette, y compris la dotation des pouvoirs publics, figurait au budget de 1870 pour 506 millions : en 1876, les emprunts contractés pour la libération du territoire, pour les indemnités de toute nature payées par l’État, en un mot pour couvrir toutes les charges provenant de la guerre contre l’Allemagne, avaient fait monter ce crédit à 1,015 millions, soit au double : il est inscrit au budget de 1889 pour 1,306 millions. C’est une surcharge d’environ 300 millions par an, imputable au régime actuel, et dont il ne peut rejeter la responsabilité sur les anciens gouvernemens, comme le font volontiers des orateurs sans bonne fui. Mais cette surcharge annuelle de 300 millions, pour le seul service de la dette, est loin de représenter ce que les conceptions chimériques, les folles entreprises, les prodigalités et le fanatisme antireligieux de nos gouvernans ont coûté au pays. En 187p, les dépenses publiques se sont élevées en totalité à 3,091,836,735 francs, et les recettes ont été de 3,190 millions, présentant ainsi un excédent disponible de 98 millions. Or cette dépense, à peine supérieure de 60 millions au seul budget ordinaire de 1890, comprenait le budget ordinaire et le budget sur ressources spéciales, tous les accroissemens de crédits