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C’est le 24 mai que la maison Rothschild, à Paris, a ouvert ses guichets aux demandes de souscriptions soit contre espèces, soit contre titres, à l’emprunt russe 4 pour 100 or consolidé des chemins de fer, 2ème série, au montant de 1,250 millions, émis pour la conversion ou le remboursement des anciens emprunts 5 pour 100 1870, 1872, 1873 et 1884. Cette opération a pleinement réussi. Les demandes contre titres pour la conversion ont été considérables, et il n’est resté disponible qu’une fraction très limitée de l’emprunt pour les souscriptions contre espèces. Aussi ces dernières n’obtiendront-elles à la répartition qu’un faible appoint de 5 1/2 pour 100.

Le Turc a baissé de 17.42 à 16,40, l’obligation douane de 390 à 378, les Lots ottomans de 71 à 66. C’est le marché allemand qui avait fait la hausse surtout ce groupe et c’est du même côté que sont venues les réalisations.

Il n’y a aucune conclusion inquiétante à tirer de ce mouvement de retraite des fonds d’états. Tous avaient trop monté. Les uns, comme les fonds russes, reprendront, après un temps plus ou moins prolongé de repos, leur marche en avant, les fonds russes notamment. D’autres devront plutôt rester lourds, comme l’Italien, auquel la politique en faveur à Rome fait perdre de plus en plus les sympathies de l’épargne française.

L’Extérieure, on l’a vu plus haut, a perdu plus d’une unité à 75.75. Les scènes désordonnées dont la chambre des députés à Madrid a été récemment le théâtre ont déterminé le gouvernement de M. Sagasta à suspendre les séances. C’est un nouveau retard pour la discussion du budget, et la situation financière de la péninsule ne cesse de s’aggraver. Le déficit de l’exercice en cours ne saurait être évalué à moins de 100 millions de pesetas ; le cabinet n’a pu s’entendre sur la question de l’opportunité d’un grand emprunt et s’est rabattu sur des projets d’aliénations domaniales. Peut-être M. Sagasta et son collègue des finances ont-ils laissé échapper l’heure où ils auraient pu tenter avec succès l’emprunt de 600 millions dont on a tant parlé depuis quelques mois.

Les titres des établissemens de crédit ont en général baissé. Le plus atteint a été l’action de la Banque de France, ramenée de 4,230 à 4,030 sur l’abandon par le gouvernement de toute intention de présenter dans cette session même, à la chambre qui n’a plus que si peu de jours à siéger, un projet de loi portant renouvellement du privilège à partir de 1897.

Le Crédit foncier a été ramené de 1,348.75 à 1,330, la Banque de Paris de 767 fr. 50 à 757 fr. 50, le Crédit lyonnais de 693 fr. 75 à 681 fr. 25, la Banque d’escompte de 541 fr. 25 à 631 fr. 25, la Société générale de 465 à 460.