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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le mouvement de baisse qui s’est produit en juin avec une vigueur dont a été fort surpris l’optimisme officiel de la spéculation haussière, n’a pas été arrêté par la liquidation. L’élévation des taux de report, tant pour les rentes françaises que pour les fonds internationaux ou du moins la plupart d’entre eux, a démontré qu’il restait encore beaucoup de positions à dégager et que ce travail de déblaiement ne se ferait pas sans de nouveaux sacrifices de cours.

En effet, le 3 pour 100 a baissé d’une unité depuis la liquidation, par suite des difficultés qu’ont trouvées à se faire reporter quelques gros spéculateurs encore très chargés de rente. De 84.30, cours de compensation, il a été ramené progressivement jusqu’à 84.15. Une reprise passagère l’a relevé à 83.50. Il reste à 83.30.

Les deux autres fonds, il est vrai, n’ont pas partagé le sort de la rente perpétuelle, l’Amortissable n’a perdu que 0 fr. 25 à 86.15, et le 4 1/2 se négocie avec une plus-value de 0 fr. 17 sur le cours du 1er juillet. On pourrait conclure de ce fait que la spéculation seule est atteinte par ce changement dans les tendances de la Bourse et que les valeurs de placement sont restées indemnes. Cette conclusion ne serait pas absolument justifiée. Non-seulement les fonds étrangers et les grandes valeurs de notre place dont la spéculation s’occupe principalement ont suivi le 3 pour 100 dans son mouvement de retraite, mais encore on a vu baisser, et très sensiblement, certains titres considérés avec raison comme des placemens de premier ordre soustraits à tout aléa et que les variations de la rente auraient dû laisser insensibles. Il s’agit de quelques catégories d’obligations du Crédit foncier et des obligations 1886 de la ville de Paris.

Les obligations de nos grandes compagnies de chemins de fer ont éprouvé quelques oscillations accusant, même de ce côté, un ralentissement des achats de l’épargne. Les obligations anciennes du Crédit foncier se sont bien tenues. Au contraire, toutes celles des émissions relativement récentes ont fléchi, depuis les Foncières 3 pour 100 1877 jusqu’aux Foncières 1885 et aux Communales 1879 et 1880. Quant aux Bons à lots et aux Bons algériens, qui ont été émis à 100 francs, et ont valu un moment jusqu’à 125 francs, on les a compensés le 1er juillet à 90 francs et 75 francs, et de nouvelles offres, dans cette première quinzaine, les ont encore fait baisser à 70 et à 55 francs. Il est évident