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des témoins oculaires, nous est restée comme le témoignage le plus précis et le plus complet sur les diverses phases de cet événement.

A la mort du roi Henri III, la situation des seigneurs catholiques qui l’accompagnaient était difficile. Le sort de la nouvelle dynastie dépendait de la résolution, qu’ils allaient prendre : leur adhésion à l’héritier légitime, quoique protestant, devait entraîner le concours de la majeure partie de la nation ; leur abstention eût assuré le succès de la Ligue et probablement préparé le chemin de la famille de Guise. Malgré le passé guisard et catholique de sa famille, Richelieu fut de ceux qui se déclarèrent, pour le Béarnais. Son attitude est mentionnée expressément par les écrivains contemporains. Elle n’allait pas d’ailleurs sans profit pour lui. Henri IV maintint le grand-prévôt dans les fonctions qu’il occupait. Il lui confia également des missions importantes et en fit le compagnon de ses luttes journalières pour la conquête du royaume.

François, de Richelieu combattit à Arques et à Ivry, assista aux sièges de Vendôme, du Mans et de Falaise. Il suivit encore le roi au grand siège de Paris. Il était à Gonesse, dans le camp royal, lorsqu’une fièvre violente, suite des fatigues d’une vie si remplie, le saisit et l’enleva le 10 juillet 1590, à l’âge de quarante-deux ans.

Tous ceux, qui l’avaient connu plaignirent sa mort. Henri IV garda de lui un souvenir ému. S’il eût vécu, il eût occupé, auprès du roi définitivement reconnu et obéi, un emploi digne de ses mérites et des services, qu’il avait rendus.

On peut dire du père de Richelieu qu’il fut comme une première empreinte, conforme aux circonstances et aux nécessités du temps, de ce que son fils, devait être bientôt. Sa vie fut active, dévouée, vigoureuse. Cette noble race, à peine arrachée à l’engourdissement de sa province, s’essayait, par une série d’efforts successifs et toujours plus heureux, au grand service que, dans sa prochaine génération, elle allait rendre à la royauté et à la France.

François de Richelieu s’était marié jeune. On n’a pas la date exacte de l’union. Mais un écrivain érudit. M. Martineau, a retrouvé, sur les registres de l’église Saint-Séverin, à Paris. L’acte de fiançailles, daté du 21 août 1566 et ainsi libellé : « Le 21 août 1566 furent fiancés noble homme François du Plessis, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et seigneur de Richelieu et de La Vervolière, et damoiselle Suzanne de La Porte, dame De Farinvilliers et De Valencourt. »

Le fiancé avait dix-huit ans et la future quinze ans, étant née le 13 février 1551. Elle était fille du sieur François de la Porte, avocat au parlement de Paris.