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moi, curé de Braye, le 21e dudit mois audit an, et fut nommé en la chapelle de Richelieu, par pauvres orphelins, qui sont Louis Fouré et Jehanne Thomas, assistés de dix autres pauvres et lui donnèrent le nom de François-Louis. »

Mais la mère meurt, en donnant le jour à cet enfant. « Le 15e jour d’octobre trépassa dame Marguerite Guiot, dame de Richelieu, laquelle a été administrée des saints-sacremens et assistée par moi, curé, et le 19e dudit mois et an fut porté le corps en l’église de Braye en laquelle fut fait service et assisté tant à la conduite dudit corps que service M. le Prieur, messire Vincent, M. le curé de Sablon, M. le vicaire de Chantraut et Jean Angeleaume, sacristain. » L’enfant suit bientôt la mère : « Le 8e décembre 1618, le corps de défunt Louis du Plessis, ci-dessus nommé, a été porté du châtel de Richelieu en l’église de Braye… » Enfin le père ne tarde pas à rejoindre, dans le caveau de la famille, sa mère, sa femme et son fils. Il fut tué en duel, comme nous le verrons par la suite : « Le 22e juillet 1619, a été faite l’obsèque du corps de défunt messire Henri du Plessis, en son vivant seigneur de Richelieu, Mausson, Primery, Le Chillou, La Vervolière. »

C’est la dernière mention concernant les enfans de Mme de Richelieu. Les autres se sont éparpillés sur la surface de la France et ont suivi la fortune de leur frère le plus illustre. Les ossemens de la famille ont reposé dans l’église de Braye jusqu’à la Révolution française. À cette époque, les caveaux furent ouverts, violés, les cendres jetées au vent. Il ne reste plus, aujourd’hui, un seul souvenir, une inscription. Tout récemment, le caveau a été visité par le curé de la paroisse, assisté de deux médecins. On n’a rien trouvé qu’un ossement d’enfant.


II. — LA NAISSANCE, L’ENFANCE, LES ÉTUDES.

Armand-Jean du Plessis, dernier enfant mâle de François du Plessis et de Suzanne de La Porte, était né à Paris, le 9 septembre 1585.

Plusieurs écrivains du XVIIe siècle ont affirmé qu’il était né à Richelieu. Quelques années seulement après sa mort, on montrait dans le château de Richelieu reconstruit « la chambre où son illustre mère accoucha heureusement de cet illustre fils. » Cela suffit pour que les auteurs poitevins aient revendiqué comme un titre d’honneur le fait matériel de la naissance de leur compatriote parmi eux.

Il faut s’incliner cependant devant le témoignage d’autres contemporains mieux informés et surtout devant l’affirmation de Richelieu lui-même. André Duchesne, qui écrit du vivant du cardinal de Richelieu et qui dresse, sous les yeux du ministre, la