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LES



The Merry Men and other tales and fables, by Robert-Louis Stevenson, 1 vol. London ; Chatto and Windus.


Il y a une année environ, nous signalions ici la première tentative de M. Stevenson dans un genre auquel on pourrait donner le nom de psychologico-fantastique, tant l’étude des problèmes les plus obscurs, relatifs à l’âme humaine, s’y mêle étroitement au merveilleux, traité avec la puissance qu’un Écossais sait apporter en ces matières occultes. Sur six nouvelles que renferme le dernier recueil publié par l’auteur de Doctor Jekyll and Mr. Hyde[1], trois au moins sont d’une rare valeur, et nous avons hésité devant chacune d’elles avant de choisir celle qui pouvait le mieux supporter une interprétation en français.

Thrawn Janet, histoire de sorcière, l’eût emporté peut-être par la couleur locale, par la brève et vigoureuse mise en œuvre du fanatisme et de la terreur, si elle n’eût été plus que les deux autres intraduisible. En effet, ceux qui ont goûté Waverley et la Fiancée de Lammermoor dans l’original connaissent la saveur de cette langue écossaise, réduite aujourd’hui à l’état de dialecte populaire, mais si pittoresque encore sous la forme rustique dont se sert volontiers M. Stevenson. Dépouiller d’un pareil élément d’originalité l’aventure du trop charitable ministre, le révérend Murdoch Soulis

  1. Voir, dans la Revue du 1er avril 1888, le Roman étrange en Angleterre.