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de pères conscrits ou de patriciens. Outre des leçons de peinture et de sculpture données par vingt « académiciens professeurs, » dont douze peintres et huit sculpteurs, les élèves admis à suivre les cours de l’Académie y recevaient gratuitement des leçons d’anatomie, de perspective, etc. De son côté, l’Académie royale d’architecture n’avait pas cossé de fournir aux élèves architectes des enseignemens réguliers ; mais lorsque, deux ans après la suppression de toutes les Académies, les fondateurs de l’Institut eurent, en 1795, réuni dans une seule classe les trois sections de peinture, de sculpture et d’architecture, les fonctions de professeurs dévolues aux anciens académiciens n’appartinrent plus aux membres de cette nouvelle classe, et, vers la fin de cette même année 1795, la constitution d’une École spéciale des Beaux-Arts fut décrétée. Il y eut d’ailleurs, chez les auteurs de la mesure, assez peu d’empressement à ce qu’il semble à aller au-delà de cette innovation théorique et à aviser aux moyens pratiques d’en tirer le meilleur parti. Pour la peinture et pour la sculpture, tout ou presque tout se réduisit d’abord au maintien de l’ancienne « école du modèle, » c’est-à-dire de la classe de dessin d’après nature qui, grâce au dévoûment de quelques professeurs volontaires, n’avait jamais été fermée, même pendant les jours les plus terribles de la Révolution : pour l’architecture, aux leçons libéralement données dans son atelier par le savant David Leroy et, un peu plus tard, à des concours pour lesquels il avait obtenu du Directoire la concession d’une salle au Louvre, de quelques-uns de ses confrères l’engagement de juger les travaux des concurrens et de décerner les prix, qui consistaient en ouvrages tirés par lui de sa propre bibliothèque[1].

Sous le consulat et sous l’empire, l’École des Beaux-Arts, sans être encore bien solidement organisée, eut cependant un commencement de vie légale et indépendante, mais une vie assez nomade, puisque, après avoir à l’origine quitté le Louvre pour l’hôtel de Brion, — une des annexes du Palais-Royal, — puis cet hôtel pour se réinstaller momentanément au Louvre, elle avait suivi la quatrième classe de l’Institut lorsque celle-ci, en 1806, était venue, avec les trois autres classes, prendre possession des bâtimens occupés jadis par le collège des Quatre-Nations. Elle s’y trouvait donc depuis dix ans logée tant bien que mal lorsque, aux termes

  1. David Leroy, qui avait fait partie de l’ancienne Académie d’architecture et que l’Académie des inscriptions s’était associé en 1770, appartenait à l’Institut, depuis l’époque de sa fondation, comme membre de la section des « Antiquités et Monumens » dans la troisième classe. Il mourut en 1803. Un petit monument dédié à sa mémoire par « ses élèves architectes, » et supportant son buste sculpté par Chaudet, est conservé aujourd’hui à l’École des Beaux-Arts.