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L’AMÉRIQUE
À
L’EXPOSITION UNIVERSELLE


I


Utilitaire et pratique, admirablement conçue quant au résultat à obtenir, impressionnant l’œil et frappant l’esprit, l’exposition des deux Amériques n’offre pas seulement à la curiosité des masses un attrait nouveau ; elle est aussi, pour beaucoup, une révélation inattendue. Le nouveau monde apparaît, riche de réalités et prodigue de promesses, dans un cadre grandiose de palais exotiques. Si les formes extérieures qu’il s’est plu à leur donner évoquent le souvenir des civilisations disparues, à l’intérieur tout est d’hier, moderne, classé avec un art méthodique et savant. Tout y parle d’une race jeune, active, vigoureuse, d’un sol fertile, d’un climat propice à l’Européen, d’une culture intelligente, et, devant cette accumulation de matières premières, devant les produits de cette industrie à laquelle nos conquêtes scientifiques ont épargné les tâtonnemens dispendieux, les recherches improductives, on se demande jusqu’où pourront aller des peuples qui débutent ainsi.

L’avenir est à eux, et nous, leurs aînés, qui les avons précédés et leur avons montré la voie, qui, sur ces terres nouvelles, depuis des siècles, déversons le trop-plein de notre population, ces élémens disparates, danger pour des civilisations vieillies, recrues désirables pour des civilisations naissantes, ces impatiens de vie libre