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à peu près entièrement épuisée. Le stock à placer était, parait-il, de 50 millions de francs au moins. Les titres se négocient maintenant à 567 fr. 50.

L’établissement qui vient d’obtenir ce succès va procéder, le 23 courant. au doublement de son capital social, conformément à la décision prise par l’assemblée générale des actionnaires tenue au commencement du mois. Bien que le Comptoir national d’escompte, créé en remplacement de l’ancien Comptoir, dont la catastrophe en mars dernier est encore dans toutes les mémoires, ait à peine un semestre de fonctionnement, il a déjà reçu de sa clientèle plus de 125 millions de francs de dépôts. Son capital nominal de 40 millions, libéré de moitié seulement, ne répondait plus à de telles responsabilités. Les actionnaires ont un privilège de souscription aux nouveaux titres émis avec une prime de 30 francs. L’action actuelle est cotée 670 francs.

Le Crédit mobilier a lancé récemment un lot d’obligations du chemin de fer espagnol de Linarès à Almeria et se prépare bientôt à offrir au public des actions d’une Banque nationale de Saint-Domingue. La Banque d’escompte va émettre, le 26 courant, 40,000 actions des établissemens Decauville, transformés en société anonyme.

En même temps qu’apparaissent toutes ces créations, on voit se réveiller d’anciennes valeurs, laissées depuis plus ou moins longtemps dans un profond oubli, par exemple le Phénix espagnol, qui valait, il y a six mois, 540 francs et en vaut aujourd’hui 677.50, le Rio-Tinto, tombé après le krach du cuivre à 260 et qui vient d’être porté en moins de quinze jours de 305 à 390, les Alpines, Société métallurgique autrichienne, ancienne création de l’Union générale, qui valut longtemps de 60 à 80 francs et se négocie aujourd’hui à 210 francs.

Telles sont les valeurs, et la liste en pourrait être encore allongée notablement, dont s’occupe principalement la spéculation moyenne, mise en mouvement par l’ouverture de la campagne d’affaires. Il y a, dans cette masse de titres offerts aux convoitises de l’épargne avec l’appât, soit d’une plus-value éventuelle, soit d’un gros revenu, du bon grain et de l’ivraie. C’est affaire aux capitalistes d’user de discernement et de ne pas prendre pour parole d’évangile toutes les affirmations des prospectus.

La liquidation de fin octobre n’a pas confirmé les craintes de renchérissement excessif des reports. Mais elle a été accompagnée de livraisons de titres qui ont fait reculer un instant le 3 pour 100 de 87.25, cours de compensation, à 86.80. Mais la reprise s’est faite promptement, et depuis plusieurs jours les cours oscillent entre 87.30 et 87.45. L’amortissable s’est avancé de 25 centimes à 90.80, le 4 1/2 de 10 à 105 francs.

La haute banque allemande a fait un vigoureux effort pour enlever les cours de la rente italienne à l’occasion de l’ouverture de la