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ou définir, — atteignent à des effets dont on trouvera dans ce beau volume de nouveaux et séduisans témoignages.

Il me semble bien que c’est ici que je devrais dire quelques mots du livre de M. Henri Bouchot, également publié par la maison Quantin, puisque la reproduction des « crayons » de Clouet, et de nombreuses gravures du XVIe siècle, n’en est pas le moindre attrait. Mais, les Femmes de Brantôme, je doute, en vérité, que ce soit un « livre d’étrennes ; » et d’autant que M. Bouchot n’a certes point recherché ce qu’un tel sujet pouvait avoir de scabreux, mais il ne l’a pas non plus évité. Peut-être, en une autre occasion, reparlerons-nous de ce livre, qui est intéressant, qui le serait encore davantage, s’il était moins anecdotique. Il soulève en effet plus d’une question délicate ou subtile que M. Bouchot n’a qu’à peine effleurée, comme celle de savoir dans quelle mesure l’italianisme du XVIe siècle est venu modifier l’ancien fonds de la race, et plusieurs autres, qui s’y lient. Mais, dans une revue des « livres d’étrennes, » contentons-nous de l’avoir signalé : il représenterait, lui tout seul cette année, parmi eux, le livre d’histoire, si nous n’en devions deux ou trois à la maison Firmin-Didot.

C’est encore un assez beau volume que celui du comte Paul Vasili : la Sainte Russie, publié par la maison Didot, et l’illustration, qui paraît authentique, en est assez bien entendue. Si je baisse un peu la voix, c’est que depuis quelque temps la maison Didot sommeille, et je voudrais bien l’éveiller, mais que ce ne fût pourtant pas trop brusquement. Quant à la Sainte Russie, j’avoue que je n’aime pas beaucoup l’affectation de ce titre ; et, sans doute, on y trouvera sur l’empire des tsars, sur l’aristocratie russe, sur l’armée, sur l’administration, enfin sur tout ce qui constitue la vie normale d’une grande nation, de nombreux renseignemens, mais dont je ne sais si je puis garantir l’entière exactitude. Elle est trop belle, la Sainte Russie du comte Vasili, et je la crois plus humaine, je veux dire tout simplement moins belle qu’il ne nous la présente. Quelques assertions de l’auteur donnent aussi beaucoup à penser ; et on est étonné d’apprendre que, tandis que toutes les monarchies d’Europe auraient la force pour origine, — c’est lui qui souligne, — la monarchie russe seule aurait le droit pour fondement. Après cela, son livre est intéressant, et il est très bien imprimé.

Les extrêmes se touchent, dit le proverbe, et, en effet, l’Afrique a beaucoup « donné » cette année. Voici d’abord Tunis et ses environs, publié par la maison Quantin, « texte et dessins d’après nature, « par M. Charles Lallemand. Si, d’ailleurs, ce petit coin de terre « grand comme un petit arrondissement de France, « est, selon l’expression de M. Lallemand, « la terre historique par excellence, » je ne le querellerai point là-dessus : il sied à un auteur de croire que son sujet est le sujet par excellence, et il le traite alors avec un peu de cette passion