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l’occasion naturelle. Stahl, à la mémoire de qui Mme Dupin de Saint-André a dédié son livre, en eût approuvé le dessein.

Mentionnons aussi le Marchand d’allumettes, que le nom d’A. Gennevraye suffit sans doute à recommander ; l’Aînée, récit traduit ou adapté, dirons-nous de l’anglais ou de l’américain de Suzan Coolidge ; et l’Histoire d’un casse-noisette, de M. Alexandre Dumas. M. Dumas nous pardonnera si, dans cette confusion de livres, n’ayant avisé le sien qu’un peu tard, nous sommes obligés d’avouer que nous ne l’avons pas encore lu. Tous ces volumes, à peine avons-nous besoin de le rappeler en terminant, sont illustrés de dessins de MM. Bertall, George Roux, Riou, Geoffroy et Tiret Bognet.

Il nous faut passer rapidement sur la collection Hachette, n’ayant à peine eu le temps que d’en parcourir deux ou trois volumes. L’Épave mystérieuse, de Mme de Nanteuil, en est un, et nous pouvons dire que les jeunes lecteurs auxquels il s’adresse n’en tireront pas moins de profit que d’agrément. Scènes de la vie de bord et scènes de la vie militaire, souvenirs glorieux de la guerre de Crimée, dans le cadre d’un récit agréablement romanesque et parfois émouvant, Mme de Nanteuil a trouvé le moyen de les faire entrer sans effort, comme aussi, sans aucune déclamation, d’y faire sentir ce que la menace ou le voisinage du danger peut inspirer à l’homme de nobles sentimens. Ni la gaîté, d’ailleurs, ni le sourire ne manquent dans son livre ; et nous n’aurons pas l’imprudence de dire que nous augurerions mal d’eux, mais nous plaindrions les lecteurs du Journal de la Jeunesse, si depuis deux ou trois ans seulement qu’elle veut bien écrire pour eux, ils n’avaient pas appris à aimer Mme de Nanteuil.

Nous nous reprocherions de ne pas signaler dans la Bibliothèque blanche, à côté de l’Épave mystérieuse, le Commis de M. Bouvat. C’est le dernier ouvrage d’un galant homme, M. J. Girardin, dont nous avons ici même et plus d’une fois loué les amusans récits. Ajoutons-y Tout droit, du mystérieux auteur de la Neuvaine de Colette ; Mon oncle d’Amérique, de Mme Colomb ; une traduction un peu abrégée des Fiancés, de Manzoni, illustrée de nombreuses gravures ; et dans la Bibliothèque Rose (car il en faut pour tous les goûts, ou plutôt pour tous les âges) : Souffre-Douleur, de Mlle Colomb ; l’Oncle Philibert, de Mme Jeanne Marcel ; la Dame Bleue, de Mme Carpentier, et les Protèges d’Isabelle, de Mme Fresneau.

Est-ce là peut-être ce que la « maison A. Lemerre, » en nous présentant ses livres d’étrennes, appelle un peu bien dédaigneusement « le vulgaire volume de jour de l’an, grossièrement écrit, cartonné et illustré ? » J’oserais alors l’assurer qu’elle se trompe ; et, en même temps, que, pour faire valoir ses livres, à elle, il était bien inutile de déprécier ainsi ceux des autres.