Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hallali! 13 riage... Oui. Suivez-moi bien. Rodolphe, qui est, en même temps qu'un très bon mari, un très bon parent, même quand il ne l'est que par alliance, Rodolphe ne demande qu'à marier sa nouvelle cousine... — Il est bien bon! interrompit la jeune fille avec son même sou- rire contraint. — Or, reprit M me de Buttencourt, ayant deviné, sans être sor- cière, les sentimens... les sentimens nouveaux de mon vieil ami Frantz Real, j'ai lait observer à mon obligeant et serviable époux que le mari de Madelon était là, tout trouvé, sous notre main. Mais Rodolphe a soulevé des objections sans nombre, que je ne crois pas insurmontables et où cependant il s'entête de façon singulière. Eh bien ! je veux avoir raison contre lui. Ce sera ma première victoire conjugale... Et puis, j'aime assez Madelon pour ne pas me trom- per en pareille matière. Laissez-moi donc agir, mes enfans. Et rejoi- gnez la chasse avec moi... Tenez, écoutez! Voici qu'on sonne un bien-aller... Avant que la bête ne se forlonge, coupons par la plaine, puis par le bois d'Eustache : dans cinq minutes, nous serons à la queue des chiens. — Allez tous deux, dit Marie-Madeleine. J'ai décidément mal à la tête. — Je ne peux pourtant pas te laisser seule... Si encore j'étais sûre que tu dusses rester seule ! — La grand'mère de ton mari me tiendra compagnie. — Ce sera bien amusant pour toi!.. Alors, je reste aussi. Allez, Frantz. Vous direz que Madelon est souffrante. — C'est que je ne tiens plus beaucoup à la chasse, moi, hasarda M. Real. D'ailleurs, je ne me sens pas bien en train non plus, au- jourd'hui... Et la preuve, c'est que je ne me suis même pas occupé de savoir quelle bête il y avait chance de courre. — Vous avez peut-être aussi des vapeurs ? Ah ! mon cher, je ne peux vraiment pas vous autoriser... Là! vrai, je serais grondée! — Mais, puisque vous restez, puisque vous serez là ! Sa voix était implorante et son regard attendrissant. — Écoutez, lui dit la cousine de Marie-Madeleine, je ne peux pas non plus vous forcer à suivre la chasse. Restez donc, si vous voulez. Mais alors, disparaissez... au moins pour quelque temps... Et demeurez invisible jusqu'à ce que cette bonne grand'mère de Buttencourt soit sortie de ses cosmétiques. Sa présence sauvera tout, et j'aurai peut-être encore le temps de rattraper la chasse avant l'hallali. Seule de mon sexe, par suite de la défection de Madelon, à suivre à cheval, je tiens à honneur de suivre tout de bon... Vite, allez -vous-en, que je m'en aille!