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toutefois que les choses allaient de mal en pis dans la république argentine. Les actions de la Banque nationale ont baissé, de même les cédules, tandis que la prime de l’or se relevait d’un bond à 200 pour 100. En même temps, on apprenait que la Banque nationale de l’Uruguay à Montevideo suspendait pour six mois le paiement de ses billets en espèces. La spéculation anglaise, fortement engagée dans toutes les valeurs de La Plata, a pris peur, et pendant deux ou trois jours un grand nombre de titres ont été invendables. Le contre-coup s’est également fait sentir sur l’ensemble des titres internationaux.

Le calme s’est rétabli. Mais les cours sont restés bas, et il est à craindre que la réaction du côté des valeurs argentines n’ait pas dit son dernier mot. Le 5 pour 100 national reste à 415, les 6 pour 100 provinciaux ont reculé jusqu’à 300 et oscillent entre ce cours et 325.

Le Crédit foncier s’est relevé avec vigueur sur le résultat de l’interpellation, à l’occasion de laquelle le ministre des finances a fait connaître les résultats de l’enquête ordonnée il y a quelques semaines et l’opinion du gouvernement sur ces résultats. Les prix des obligations se sont également améliorés. Après le détachement du solde du dividende, s’élevant à 33 francs, l’action a été ramenée de 1,240 à 1,220.

La Banque de France s’est tenue entre 4,130 et 4,160. Les derniers bilans ont conservé un caractère uniforme. Les modifications apportées au montant de l’encaisse métallique restent peu significatives.

Les titres des institutions de crédit ne donnent toujours lieu qu’à un mouvement très limité de transactions. La Banque de Paris a reculé d’une vingtaine de francs, parce qu’on la suppose encore engagée dans quelques-unes des valeurs argentines. Le Crédit lyonnais s’est maintenu très ferme entre 740 et 745, le Comptoir national d’Escompte entre 620 et 025. Ce dernier établissement a mis en souscription publique au début du mois 34,400 obligations 6 pour 100 de la Société hellénique constituée pour l’achèvement du canal de Corinthe.

La principale opération financière du mois sera la conversion de la Dette de la Daïra-Sanieh.

L’emprunt destiné à remplacer la dette actuelle a été conclu avec un syndicat financier international à la tête duquel se trouve la Banque de Paris et des Pays-Bas. Il sera émis, le 18 courant, à 4 pour 100 et au pair, c’est-à-dire en obligations de 500 francs rapportant 20 francs nets de tous impôts, alors que l’emprunt de conversion de la dette privilégiée a été émis, le mois dernier, en 3 1/2 pour 100. Les obligations anciennes seront échangées contre celles du nouvel emprunt, au prix de 85 pour 100 de leur valeur nominale.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.