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que ne propose-t-on aussi d’en parler comme s’il l’avait intitulé : Observations sommaires sur l’Histoire de quelques Peuples anciens ! Mais les titres, qui n’ont pas de valeur quand il n’a pas plu aux auteurs de leur en donner, — comme par exemple Monsieur de Pourceaugnac, — en ont une quand, comme l’École des femmes, ils signifient d’eux-mêmes quelque chose ; et, en vérité, je suis sans doute naïf d’en faire ici la remarque, mais il le faut bien, puisqu’on s’est avisé du contraire.

Quelle est donc « l’école des femmes » d’après Molière, et quelle est la leçon qui ressort de sa comédie ? Rien ne paraît plus évident. « L’école des femmes, » c’est l’amour, ou mieux encore, c’est la nature ; et la leçon, assez parlante, c’est que la nature toute seule sera toujours plus forte que tout ce que nous ferons pour en contrarier le vœu. Élevée


Dans un petit couvent, loin de toute pratique,


Agnès n’a rien pour elle que d’être la jeunesse, l’amour, et la nature. — Même il semble qu’il y ait en elle un fond d’insensibilité, pour ne pas dire de perversité naïve, dont je me défierais, si j’étais que d’Horace ! — Plus naturelle et moins savante, moins piquante aussi que l’Isabelle de l’École des maris, elle n’a pas, elle n’aura jamais la grâce enjouée de l’Henriette des Femmes savantes. Pour Arnolphe, Molière lui-même a pris soin de nous avertir en en parlant, « qu’il n’est pas incompatible qu’une personne soit ridicule en de certaines choses et honnête homme en d’autres. » Ce n’est point d’ailleurs un vieillard, comme il semble qu’on se le représente, et beaucoup de gens se croient jeunes à son âge. Ce qu’il a contre lui, c’est donc uniquement de vouloir forcer la nature, et il n’est sot, il n’est ridicule, il n’est odieux qu’en ce point. Je ne dis rien d’Horace : parmi les a amoureux » du répertoire de Molière, il n’y en a pas de plus insignifiant, dont le mérite se réduise plus étroitement à celui de sa « perruque blonde, » qui soit d’ailleurs plus digne d’Agnès. Il est jeune comme elle, comme elle il est naïf, et comme elle il est la nature. Que veut-on de plus clair ? Et à moins de sortir des bornes de son art, à moins de prêcher sur la scène, comment voudrait-on que Molière nous eût dit qu’on ne change point de nature en son fond ; que quiconque l’essaie, il lui en coûte cher ; et, conséquemment, que le principe de tous nos maux, c’est de vouloir le tenter ?

Car, pour ceux qui repoussent cette interprétation de l’École des femmes, je serais curieux de savoir comment ils expliquent reflet qu’elle produisit, et le déchaînement qui s’ensuivit. La très