Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/814

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SOS REVUE DES DEUX MONDES. MADEMOISELLE JADZON. Certainement... Et M. Valmeyr aussi... Ils parlent ensemble de leur iutur mariage le plus tranquillement du monde. MEYNARD. Si tranquillement que ça!.. Mon Dieu, où allons nous?.. MADExMOISELLE JAUZON. Bah!... Une affaire comme une autre, après tout, le mariage. MEYNARD. Ah! çà, mademoiselle, j’espère bien que vous n’avez jamais in- vité votre élève à suivie le petit cours de désenchantement que vous me faites l’honneur de "professer devant moi depuis quelques minutes? Voyons, récapitulons... A^ous êtes républicaine à peu près aussi avancée que Nogaret; un petit peu socialiste; un petit peu positiviste par-dessus le marché; anticléricale, naturellement... Ah! vous auriez fait votre chemin dans la politique, si vous aviez voulu, un très beau chemin, même!.. Seulement, voyez-vous, tout ça, c’est des opinions d’homme... Pourquoi diable ne portez- vous pas des culottes, pendant que vous y êtes? MADEMOISELLE JAUZON. Oh! mon Dieu, vous savez, je suis si peu femme... Est-ce qu’une institutrice est une femme, d’abord? MLYNARD. Eh! mademoiselle, on en a vu... Tenez, M me de Main tenon, par exemple... Je vous assure que Louis XIV... MADEMOISELLE JAUZON. Tant mieux pour lui... et tant mieux pour elle... Mais moi, je vous répète que je n’ai pas de sexe... Je ne suis qu’un cerveau... Je ne conçois même pas qu’on puisse aimer autre chose que des idées... Seulement, celles que j’aime, je les aime bien! MEYNARD. Oh! oh! Très dangereux d’aimer les idées, mademoiselle!... On croit que c’est pour elles-mêmes, et puis un beau jour, on s’aper- çoit qu’il y a quelqu’un dessous... un homme caché derrière les rideaux... (se croisant les bras devant eiie.) Voulez-vous que je vous dise, mademoiselle Jauzon?.. Vous êtes une bien drôle d’institutrice! (a ce moment la porte du salon s’ouvre, poussée violemment, et Adrienne entre brus- fiuoment, suivie à quelques pas par sa beile-mère.) ldiez, l’6gardeZ-la, VOLl’e élève!