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820 REVUE DES DEUX MONDES. PIERRE. Je n’avais pourtant pas le droit de les enchaîner à une croyance avant qu’ils fussent en cage d’examiner l’un et l’autre les raisons qu’ils peuvent avoir de s’y rallier, ou de la rejeter comme j’ai fait... MADEMOISELLE JAUZON. A la bonne heure! MEYNARD. Dieu veuille... Pardon! Puisses-tu n’avoir jamais à t’en repen- tir, tu m’entends ! NOGARET, lui tapant sur l’épaule et prenant son bras. Peuh !.. Vieux sacristain, va !.. (m e Jauzon, Maurice, Valmeyr et Favreuil rient.) MEYNARD, les regardant. Oui, oui... Allez, riez, moquez-vous de moi, les esprits torts!.. On ne retranche pas impunément l’idée religieuse de sa propre vie, et surtout on ne l’étouffé pas impunément dans la conscience de ses enfans, comme tu l’as lait, malheureux ! PIERRE. Si tu continues, Meynard, je vais te répondre comme le papa Nogaret à un jeune abbé du village qui venait faire du zèle auprès de lui, lors de sa dernière maladie... Je ne t’ai jamais conté ça? Écoute alors!.. Le vieux était à l’agonie, une agonie de paysan, silencieuse et stoïque, comme celle des bêtes... Il s’est soulevé lentement sur les coudes, il a regardé le calotin bien en face, avec ses yeux troubles déjà, il a tiré de sa poitrine maigre où le souffle râlait, il a tiré par trois fois un grand couâh ! couâh, couâh, puis il s’est retourné du côté de la ruelle, afin de ne plus le voir, il a ramené sur sa tête les gros draps de toile grise, et deux heures après, il est mort... Yoilà comme on meurt chez nous!.. MADEMOISELLE JAUZON. Superbe ! FAVREUIL, bas. Excessif, mademoiselle, excessif, et d’un goût déplorable!., (a pierre.) Mon cher Nogaret, maintenant que je vous ai serré la main, je vous quitte, (a Vaimeyr.) Tout à fait charmé, monsieur, d’avoir fait votre connaissance... J’espère que nos relations n’en resteront