Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/847

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NI DIEU NI MAITRE. 841 MEYNARD. Folle, elle!.. C’est la raison même, ta femme. Voyons, Pierre, qu’est-ce qu’il y a? PIERRE, se levant brusquement. Ce qu’il y a!., ce qu’il y a!.. Est-ce que je le sais, moi, ce qu’il y a! MEYNARD. En tout cas, il y a que tu es terriblement nerveux, aujourd’hui. PIERRE. Pas plus qu’hier ou qu’avant-hier... C’est tous les jours comme cela, maintenant! MEYNARD. Ah!.. Est-ce que tu as des préoccupations, des ennuis, en ce moment? PIERRE. Non. MEYNARD. Eh bien! alors? PIERRE. Eh bien! mon ami, que veux-tu que je te dise? C’est sans cause... Et c’est précisément parce que je ne trouve pas cette cause hors de moi, que je commence à me demander si ce n’est pas en moi-même qu’il faut la chercher. Comprends-tu? MEYNARD. C’est assez clair. En un mot, tu es inquiet de ta santé... Eh bien! voyons, qu’est-ce que tu éprouves? PIERRE. Rien de net, rien de franc... MEYNARD. Mais encore ? PIERRE. Des insomnies cruelles, que je ne puis parvenir à vaincre. MEYNARD. Ah!.. Des insomnies, ça ne dit pas grand’ chose, en effet.